Après boire ou conduire, voilà boire ou chasser dans le canton de Neuchâtel. Souffler dans l’éthylotest, comme on peut devoir le faire en voiture, est en effet la nouvelle réalité des quelque 320 détenteurs de permis de chasse dans le canton. Depuis le 1er janvier, la consommation d’alcool, de stupéfiants et de médicaments est limitée pour eux.
Limite à 0,5 pour mille
Concrètement, la limite est fixée à 0,5 pour mille pour l’alcool. Lors d’un contrôle, si le chasseur est sous influence, il s’expose à un retrait de permis de chasse entre un et cinq ans, sans dénonciation pénale. Les contrôles seront principalement effectués par les cinq gardes-faune du canton, qui seront équipés d’éthylotests, comme l'explique dans le 19h30 Christophe Noël, le chef du service de la faune du canton.
"Les gardes-faune font déjà des contrôles sur le terrain. Lors de l’exercice de la chasse, ils contrôlent les permis, le gibier tiré, les munitions utilisées, les armes... Ce sera donc simplement un contrôle supplémentaire qui sera effectué par les garde-faunes sur le terrain au contact des chasseurs."
Un incident survenu en 2018 est à l’origine de cette réforme. Après avoir consommé quelques bières, un chasseur avait à l'époque mis en joue un cycliste. L’affaire avait fait réagir dans le canton. Pour le député Armin Kapetanovic (POP), il était nécessaire de combler ce vide juridique.
"Le risque est immense, avec une probabilité très faible mais des conséquences très graves. Donc il faut légiférer là-dessus. C’est de la responsabilité du législatif de ne pas être là après coup mais de prévenir des incidents."
Vraiment nécessaire?
Pour la Fédération des chasseurs neuchâtelois, ces limitations n’étaient pas nécessaires. En prenant le volant pour aller chasser, la consommation d’alcool ou d’autres substances est déjà réglementée, comme l'explique son président Gilles Walder. "La majorité des chasseurs, plus de 95%, se déplacent avec leur propre véhicule donc ils sont déjà soumis à la loi sur la circulation routière."
La Fédération rappelle au passage que le chasseur alcoolisé de 2018 n'était pas membre de la Fédération cantonale qui prône la tolérance zéro en matière de consommation d'alcool en action de chasse. Le dernier accident lié à l'alcool remonte à plus de trente ans, indique encore la Fédération.
Avec cette réforme, Neuchâtel est le premier canton romand et le second canton suisse après Zurich à fixer de telles limites. Les contrôles débuteront à la mi-juin lors de la prochaine saison de chasse.
Elodie Botteron/Deborah Sohlbank/fgn