L'extension d'une carrière à La Sagne aura son épilogue dans les urnes

Une carrière exploitée par une multinationale qui rapporte de l'argent à la commune, mais des habitants qui s'opposent à son extension et craignent pour leur santé: ce vif débat a lieu à La Sagne, dans le canton de Neuchâtel, et il connaîtra son épilogue dans les urnes le 12 mars.

La carrière historique du Bois-Vert à La Sagne est exploitée depuis 2015 par la multinationale française Colas. Pour la commune d'un millier d'habitantes et habitants, le bénéfice financier n'est pas négligeable.

Toutefois, alors qu'une projet d'extension sur 30 ans est sur la table, des citoyens du village des montagnes neuchâteloises dénoncent les nuisances et le changement d'affectation du site. Ils se disent même prêts à payer davantage d'impôts pour geler le projet.

Divisée sur la question, la population devra donc se prononcer lors d'une votation.

Le va-et-vient des camions en question

Pour les opposantes et les opposants à l'agrandissement de la carrière, les nuisances sont importantes dans le "village-rue" de La Sagne, car comme tout le monde habite au bord de la route, toute la population subit le trafic important des poids lourds qui vont et viennent à la carrière. Et ils craignent qu'une extension du site conduise à une augmentation du ballet des camions.

Opposants et partisans ne sont également pas tout à fait d'accord sur les chiffres: grâce à une convention avec Colas, les autorités estiment que le trafic ne dépasserait pas les 20 camions par jour, donc 40 trajets. Les opposants, eux, rétorquent que le nombre de poids lourds doublerait. Ils citent le chiffre d'un camion toutes les douze minutes.

Pour les opposants, le fait que la carrière change d'affectation est également un problème. Alors que jusqu'à maintenant elle a servi de décharge de matériaux de type A, donc de la terre et des roches, elle absorberait désormais des déchets de type B, plus sensibles et potentiellement toxiques, comme l'amiante. Et si Colas assure que l'amiante ne sera pas stockée à La Sagne, les opposants redoutent que cette promesse ne soit pas tenue.

Le projet prévoit également le retraitement sur place de 10'000 tonnes de déchets de béton, une autre source d'inquiétude pour les opposants.

Des conséquences sur la santé

Corinne Haesler, l'une des porte-parole du comité référendaire interrogée dimanche dans le 12h30, s'inquiète des conséquences sur la santé pour la population. Elle cite notamment le reconditionnement du béton: "Le béton contient du ciment et le ciment contient de la silice cristalline, une poussière extrêmement volatile qui est dangereuse pour les voies respiratoires. Elle peut, sur la durée, générer des bronchites chroniques, voire des cancers des poumons."

Là aussi, Colas assure que les enquêtes ne montrent aucun problème avec ces particules fines. L'exploitant précise en outre que des mesures sont prises pour limiter leur propagation.

De son côté, la commune rappelle que les déchets les plus sensibles seront transportés avec un emballage particulièrement résistant. Et elle ajoute que cette redevance rapportera environ 150'000 francs par année à la commune.