A Neuchâtel, les Verts parviendront-ils à rééditer leur exploit de 2019?

LA COMPOSITION ACTUELLE DE LA DEPUTATION NEUCHATELOISE

• Conseil des Etats: 1 PLR, 1 VERTS

• Conseil national: 1 PLR, 1 PS, 1 VERTS, 1 POP

Portés par la vague de 2019, les Verts ont été les grands gagnants à Neuchâtel lors des dernières élections fédérales. Grâce au Chaux-de-Fonnier Fabien Fivaz, candidat le mieux élu du canton cette année-là (10'753 suffrages), le parti écologiste avait récupéré le siège au National qu'il avait perdu quatre ans auparavant au profit du popiste Denis de la Reussille.

Le Loclois a lui été brillamment réélu (3e avec 9761 suffrages). La députation neuchâteloise - qui ne compte plus que quatre conseillers nationaux depuis 2015 en raison de la répartition démographique -  était complétée par le PLR Damien Cottier (4e) et le socialiste Baptiste Hurni (6e).

Ces élections de 2019 ont en revanche sonné le glas de la représentation de l'UDC neuchâteloise à Berne après quatre législatures consécutives. La candidature du revenant Yvan Perrin, seulement 13e, n'avait pas permis de sauver le siège du parti après le départ du sortant Raymond Clottu, exclu du parti en 2017.

Au Conseil des Etats, les écologistes avaient déjoué les pronostics en conquérant pour la première fois un fauteuil de sénateur, alors que les deux sièges neuchâtelois de la Chambre haute étaient chasse gardée du PS et du PLR. Pour 15 voix, les écologistes s'étaient même sont même payés le luxe de terminer premier parti du canton, devant le PLR, propulsant Céline Vara à la Chambre des cantons. Le second fauteuil de sénateur avait été conquis par le libéral-radical Philippe Bauer, ex-conseiller national et meilleur élu lors cette élection, qui succédait alors à Raphaël Comte.

Exit donc le PS qui avait misé sur Silvia Locatelli et Martine Docourt Ducommun pour conserver le siège laissé vacant par Didier Berberat aux Etats, une chambre que le parti n'avait plus quitté depuis vingt ans.

>> Retour sur ce qu'il s'était passé en 2019 dans le : canton de Neuchâtel

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LES PRINCIPAUX POINTS D'INTERET POUR 2023

Les six parlementaires sortants de la députation neuchâteloise se représentent à leur propre succession en octobre. Dès lors, deux grandes questions vont agiter la campagne dans le canton.

La première interrogation est de savoir si la conseillère aux Etats écologiste Céline Vara va réussir à sauver son siège acquis à la surprise générale en 2019 au détriment du PS? La candidate des Verts bénéficiera-t-elle de la fameuse "prime au sortant" ou devra-t-elle s'avouer vaincue face à une forte concurrence à gauche, en provenance de son propre camp avec la candidature de son colistier, le conseiller national Fabien Fivaz, ou face au traditionnel allié socialiste qui lance un ticket expérimenté avec Baptiste Hurni et Théo Huguenin-Elie?

Pour l'élection au Conseil national, c'est aussi vers gauche que les regards se portent. Le siège du popiste Denis de la Reussille semble le plus en danger en raison de l'interdiction des sous-apparentements, suite à une modification des directives fédérales pour l’élection du Conseil national. Conséquence: la traditionnelle alliance VertPopSol n'est plus possible - les sous-apparentements pouvant seulement se faire au sein d'un même parti, par exemple avec une liste "jeunes" - et laisse le représentant de la gauche de la gauche relativement seul face à une UDC motivée à reprendre une place perdue quatre ans auparavant et à des Vert'libéraux en pleine ascension dans le canton.

>> Lire aussi : Baromètre électoral: les Verts reculent nettement, le PS et l'UDC progressent

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CONSEIL DES ÉTATS: LES ENJEUX

Depuis 2011, Neuchâtel a la particularité (comme le Jura) d'élire ses représentants au Conseil des Etats au cours d'une élection au scrutin proportionnel. Cette année, la lutte sera acharnée et s'annonce de haut vol avec plusieurs candidats pouvant se targuer d'une expérience politique solide et d'une certaine notoriété, y compris sur le plan fédéral.

Forts de leur succès en 2019, les Verts ont refusé l'option d'une liste commune de gauche "Vara-Hurni". Objectif: conserver coûte que coûte ce siège aux Etats. Pour ce faire, les Verts présente un ticket paritaire composé de ses deux locomotives, le conseiller national Fabien Fivaz et la conseillère aux Etats sortante Céline Vara. La Cressiacoise, qui prend le risque de ne pas se présenter au National, espère aussi conserver ce siège pour la représentation féminine du Conseil des Etats, dont la part de sénatrices atteint 28,3%.

A défaut d'un accord avec les Verts, le PS lance aussi deux candidats redoutables pour reconquérir le siège perdu il y a quatre ans: le conseiller communal chaux-de-fonnier Théo Huguenin-Elie et le conseiller national Baptiste Hurni, qui est aussi vice-président de la Fédération suisse des patients. Ce dernier avait déclaré il y a quelques mois: "Sans apparentement (plus possible pour les Etats depuis 2019 à Neuchâtel, ndlr), si on ne fait pas de liste commune, tout le monde est contre tout le monde."

Comme en 2019, cette lutte fratricide à gauche devrait faire les affaires du PLR, qui peut compter sur le conseiller aux Etats sortant Philippe Bauer comme fer de lance. L'avocat est accompagné par la députée au Grand Conseil Pascale Leutwiler.

Derrière les trois principaux partis cantonaux, il ne devrait rester que quelques miettes aux autres groupements politiques. Comme il y a quatre ans, le POP mise sur Denis de la Reussille, associé à la députée Sarah Blum. L'UDC part aussi à deux avec les députés Daniel Berger et Grégoire Cario. Les Vert'libéraux présentent une liste pour l'élection au Conseil des Etats avec Jennifer Hirter et Brigitte Leitenberg. Le treizième candidat est Jean-Luc Pieren, pour le Parti fédéraliste européen.

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CONSEIL NATIONAL: LES ENJEUX

Les quatre députés neuchâtelois du Conseil national se représentent pour tenter de conserver leur siège respectif. Ils figurent parmi les 59 candidats en lice sur 16 listes différentes, dont 29 candidates, contre 19 il y a quatre ans.

Aux dernières élections cantonales d'avril 2021, dernier baromètre électoral dans le canton le PLR, le PS et Les Verts étaient arrivés en tête. Derrière, trois partis avaient la même force électorale: le POP, l'UDC et les Vert'libéraux avaient décroché chacun huit sièges au Grand Conseil. Cette tendance laisse supposer que le siège du popiste Denis de la Reussille est le plus en danger face à l'émergence du PVL au niveau cantonal et au retour de l'UDC, qui se cherche une deuxième jeunesse.

Très présent dans les montagnes neuchâteloises, le POP ne pourra plus compter sur les sous-apparentements qui avaient permis au Loclois de faire trois mandats consécutifs à Berne. Avec l'alliance avec le PS, les Verts et solidaritéS, le POP a néanmoins de bonnes chances de sauver son siège.

A PS, on mise en premier lieu sur le sortant Baptiste Hurni et sur la députée Martine Docourt. Les Verts lancent notamment la présidente du Grand Conseil Clarence Chollet en compagnie du sortant Fabien Fivaz.

A droite, le PLR entend profiter des bons résultats des dernières élections cantonales, qui lui ont notamment permis de reprendre la majorité au Conseil d'Etat. Le siège détenu par le sortant et président du groupe parlementaire à Berne Damien Cottier semble garanti. Mais le but du PLR est de récupérer son deuxième mandat perdu en 2015. Il compte pour cela sur Caroline Juillerat, Armelle von Allmen et Alexis Maire.

Si le Parti libéral-radical entend contester la suprématie de la gauche neuchâteloise (trois sièges sur quatre), il n'est pas question en revanche d'un apparentement avec d'autres partis pour atteindre cet objectif. De son côté, l'UDC a placé sur sa liste l'ex-député Didier Calame, le député suppléant Evan Finger, l'ex-trésorière des Femmes UDC Romandie Magali Junod et le chef du groupe parlementaire au Grand Conseil Niels Rosselet-Christ.

Les Vert'libéraux lancent eux douze candidats sur trois listes, dont une liste "Entrepreneurs" emmenée par le transfuge du PLR Sébastien Marti. Ils sont apparentés au Centre, un petit parti au niveau cantonal, qui présente lui quatre personnes. SolidaritéS, avec uniquement des femmes, ainsi que l'UDF et le PEV présentent également des lsites.

Jérémie Favre