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Elisabeth Baume-Schneider visite le centre pour requérants d'asile de Boudry

Elisabeth Baume-Schneider a visité le centre pour requérants d’asile de Boudry où la situation était tendue en début d’année
Elisabeth Baume-Schneider a visité le centre pour requérants d’asile de Boudry où la situation était tendue en début d’année / 19h30 / 2 min. / le 24 avril 2023
Elisabeth Baume-Schneider a visité lundi le centre fédéral pour requérants d’asile de Boudry (NE), autour duquel de nombreuses incivilités ont été commises. La conseillère fédérale a assuré avoir entendu les doléances neuchâteloises. Une adaptation de la convention entre la Confédération et le Canton est prévue d'ici l'été.

La ministre de Justice et Police a évoqué la situation tendue qui a régné autour du site avec les autorités et les milieux associatifs dans le cadre d'une table ronde. En début d'année, le centre a dénombré plus de 800 requérants d'asile, alors que la convention avec la Confédération prévoit une capacité maximale de 480 personnes. Les effectifs sont depuis redescendus sous le plafond conventionnel, avec 419 personnes environ.

La Jurassienne a passé quelques heures sur le site de Perreux. "Améliorer la sécurité constitue une nécessité, tout comme le problème de l'accompagnement", a-t-elle insisté, en relevant que le facteur humain restait central. Depuis début 2023, le nombre d'emplois dédiés à l'encadrement est passé de 77 à 120.

>> Les précisions dans l'émission Forum :

Elisabeth Baume-Schneider visite le centre pour requérants d'asile de Boudry
Elisabeth Baume-Schneider visite le centre pour requérants d'asile de Boudry / Forum / 2 min. / le 24 avril 2023

Contexte apaisé

"La situation est apaisée depuis six semaines", a constaté devant la presse le vice-président du conseil communal de Boudry, Gilles de Reynier. Le canton de Neuchâtel, par la voix du conseiller d'Etat Alain Ribaux, en charge de la sécurité, a rappelé sa volonté de "se mettre au service du pays", mais "sans en subir seul le coût".

La petite délinquance a connu deux vagues, avec un dernier pic en janvier et la suroccupation du site, sis à proximité de la localité de Boudry et ses 6000 habitants. "Il faut nommer le problème, composer et travailler avec", a indiqué Alain Ribaux.

La Police neuchâteloise a accompli 1150 heures de présence depuis début 2023. Elle a procédé à trois opérations d'envergure, nécessitant la mobilisation de 30 policiers.

"Les vols impliquent une charge administrative considérable", a noté le conseiller d'Etat, évoquant les arrestations, les tribunaux et les détentions. "Un jour de détention coûte 300 francs par jour", a-t-il précisé.

>> Lire également : La délinquance autour du centre d'asile de Boudry pèse sur la criminalité cantonale

Question de densité

Sans compter l'insécurité ou le sentiment d'insécurité, jusque dans le centre de Neuchâtel. La densité, avec les 800 requérants momentanés et les 200 personnes de l'hébergement cantonal, ne correspond pas à la capacité des transports publics, a détaillé la conseillère d'Etat Florence Nater, en charge de la cohésion sociale.

Le 9 mars, le Conseil d'Etat avait décidé, en lien avec le sentiment d'insécurité croissant autour du centre fédéral, d'octroyer des moyens supplémentaires à la police, soit 5 postes en équivalent plein temps. La demande de mesures avait été formulée à fin février par le Grand Conseil.

La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider marche aux cotés des membres du Conseil d'Etat neuchâtelois Florence Nater et Alain Ribaux (droite). [Keystone - Gabriel Monnet]
La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider marche aux cotés des membres du Conseil d'Etat neuchâtelois Florence Nater et Alain Ribaux (droite). [Keystone - Gabriel Monnet]

Les députés avaient aussi exigé que les limites de capacité d'accueil des requérants d'asile dans le canton soient rigoureusement respectées. L'exécutif leur avait répondu que la Confédération devait mobiliser ses réserves stratégiques ailleurs en Suisse pour que le centre de Boudry revienne à 480 places.

S'imprégner du site

Ce dernier est par ailleurs le plus grand de Suisse, a rappelé Alain Ribaux. Mentionnant des "discussions passionnantes", pour résumer sa visite boudrysane, Elisabeth Baume-Schneider a assuré avoir bien entendu les doléances neuchâteloises. La convention de base entre Confédération et canton devrait être adaptée d'ici à l'été.

La conseillère fédérale a souligné la nécessité de s'imprégner d'un tel site, d'un tel lieu de vie, pour en "comprendre la dynamique dans et autour". Tout en louant le fait que Neuchâtel "joue la carte de la responsabilité", elle a salué l'ampleur d'un accueil "remarquable", pour un canton de 180'000 habitants.

>> Lire aussi : Elisabeth Baume-Schneider: "Quand on parle de migration, on est dans l'émotionnel"

Autres hébergements

Outre le centre fédéral, le site de Perreux accueille un centre cantonal. Le canton de Neuchâtel doit en outre loger la quarantaine de mineurs non accompagnés qui y séjournent au centre d'hébergement de Couvet, histoire de leur offrir "un cadre et un accompagnement adaptés à leur situation particulière".

Les Ukrainiens, hébergés à Couvet, ont été transférés à l'hôtel de La Vue-des-Alpes. Interrogée sur les critiques exprimées lundi par la Commission nationale de prévention de la torture (lire encadré), qui a pointé des manquements dans l'encadrement des mineurs non accompagnés, Elisabeth Baume-Schneider a dit que les "réponses qui s'imposent" seraient apportées.

ats/ami

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L'encadrement des mineurs non accompagnés jugé insuffisant

Les requérants d'asile mineurs non accompagnés (RMNA) ne bénéficient pas d'un encadrement suffisant dans les centres fédéraux, estime la Commission nationale de prévention de la torture (CNPT).

Dans un rapport publié lundi, la CNPT recommande au Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) d'adapter le système actuel de prise en charge pour qu'un encadrement professionnel et continu des jeunes soit garanti, même en cas d'afflux important.

Explosion du nombre de réfugiés mineurs

La CNPT souligne que la situation a changé avec l'arrivée de nombreuses personnes en provenance d'Ukraine et une hausse des arrivées de jeunes Afghans mineurs.

Le nombre de mineurs non accompagnés dans les centres fédéraux d'asile est ainsi passé de 138 en mars 2021 à 1755 en décembre 2022.

Prise en charge lacunaire

Cette évolution a eu un impact sur la prise en charge des jeunes. Les équipes d'encadrement ont dû se concentrer sur les aspects pratiques de l'hébergement et sur certaines situations urgentes.

Elles n'ont plus pu maintenir le système dans lequel des membres du personnel socio-éducatif s'occupent spécifiquement de certains jeunes en tant que personne de référence, écrit la CNPT.

Efforts du SEM reconnus

La commission relève également que les besoins spécifiques des jeunes filles, nettement minoritaires, sont fréquemment négligés par rapport à ceux des jeunes garçons. En dehors de l'école, aucune structure journalière n'est par exemple prévue pour elles.

La CNTP reconnaît les efforts consentis par les collaborateurs du SEM et les entreprises chargées de l'encadrement et de la sécurité dans les centres fédéraux, ainsi que la lourde charge de travail qui pèse sur eux. Elle appelle le Conseil fédéral et le Parlement à s'assurer que les ressources nécessaires à un encadrement approprié soient disponibles.

>> Ecouter le sujet de La Matinale de la RTS mardi :

Le nombre de mineurs non-accompagnés arrivant en Suisse a fortement augmenté ces derniers mois (image d'illustration) [Keystone - Ennio Leanza]Keystone - Ennio Leanza
En Suisse, la situation des migrants mineurs non accompagnés est jugée "préoccupante", selon un rapport / La Matinale / 1 min. / le 25 avril 2023

Le SEM pointe un manque de personnel

Dans une prise de position sur le rapport, le SEM écrit que l'encadrement des quelque 1700 jeunes requérants d'asile non accompagnés, conformément au "manuel RMNA", nécessite non seulement plus de personnel mais aussi une infrastructure beaucoup plus importante. Plus de 60 postes à plein temps ne sont actuellement pas occupés dans leur l'encadrement.

Les collaborateurs des centres fédéraux d'asile s'efforcent de répondre aux besoins des jeunes filles malgré le manque de personnel. Pour remédier à cette situation, les filles sont désormais regroupées dans certains centres, ajoute le SEM. Mais les ressources en personnel pour encadrer spécifiquement les filles et les garçons continuent de faire défaut.

Afin de décharger le personnel socio-éducatif, du personnel de soutien devrait être formé pour assumer des tâches quotidiennes simples. Le SEM veut également réviser le "manuel pour les RMNA".