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Les femmes restent encore très minoritaires dans les appellations de rues et de places

La Ville de Lausanne s'est fixé pour objectif de pourvoir trente rues et espaces publics lausannois de noms féminins d'ici la fin de la législature, en 2026. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
Les femmes restent encore largement minoritaires dans l'espace public / La Matinale / 2 min. / le 5 mai 2023
Neuchâtel inaugure vendredi la place Agota Kristof, du nom de l'écrivaine neuchâteloise d'origine hongroise. La démarche répond à une volonté d'avoir un meilleur équilibre dans les représentations entre hommes et femmes au sein de l'espace public.

Le mouvement a été initié il y a quelques années dans plusieurs villes romandes, mais les femmes restent encore largement minoritaires dans les appellations de rues et de places.

Neuchâtel est un exemple parlant. Avec Agota Kristof, six femmes seront désormais commémorées dans une ville comprenant plus de 400 rues ou places, soit deux de plus qu'en 2019.

Une lente progression

2019, année de la grève des femmes, a été marqueuse un peu partout d'une volonté de changement. Cette année-là, la RTS avait fait les comptes: seules 7% des rues romandes portaient des noms de femmes.

>> Relire : Seules 7,1% des rues portant le nom de personnalités honorent les femmes

La ville qui a le plus progressé en la matière est Genève. Désormais 40 rues sont "féminines", le double par rapport à 2019. C'est le résultat d'une démarche très pro-active qui ne compte pas s'arrêter, puisque 16 nouveaux changements seront proposés cette année.

Lausanne a également progressé, avec désormais neuf rues et places féminisées contre trois en 2019. "Il y a une volonté de construire un projet qui suscite une large adhésion", explique Florence Germond, municipale lausannoise en charge notamment des questions d'égalité, vendredi dans La Matinale de la RTS.

"On ne veut enlever aucune trace de l'histoire lausannoise et comme on a la chance d'avoir plusieurs dizaines de doublons en ville, on a à ce jour un objectif d'au moins une trentaine de rues d'ici à 2026."

>> Ecouter l'interview de Florence Germond, municipale lausannoise :

Florence Germond, directrice des Finances à la ville de Lausanne. [Keystone - Marcel Bieri]Keystone - Marcel Bieri
Les femmes restent encore largement minoritaires dans l'espace public: interview de Florence Germond / La Matinale / 1 min. / le 5 mai 2023

De nombreux défis à relever

La lenteur de la démarche, malgré la volonté politique, s'explique par plusieurs facteurs. Il faut d'abord sortir ces femmes de l'ombre. Pour cela, Neuchâtel a mandaté l'Institut d'histoire de l'Université de Neuchâtel. Ce projet devrait permettre de présenter 50 femmes d'ici la fin de l'année.

Lausanne et Genève ont eu la même démarche, commencée plus tôt. Mais il y a ensuite toute une série de questions pratiques. Ce n'est en effet pas anodin de changer l'adresse de dizaines de personnes.

"Il y a, par exemple, des bases de données pour les urgences, donc si les services d'urgences doivent être appelés, il faut que ces bases de données soient bien à jour", indique Florence Germond.

Enfin, toutes les villes tiennent à ce que ces changements s'effectuent avec l'adhésion de la population. C'est d'ailleurs pour cette raison que Neuchâtel ne se donne pas de délais.

Des disparités cantonales

En ce qui concerne les autres villes romandes, la politique n'est pas la même partout. Fribourg a accepté un postulat du législatif demandant davantage de rues portant le nom de femmes, mais uniquement des nouvelles rues. La ruelle Laure Dupraz vient d'ailleurs d'être inaugurée.

La politique est la même à Berne, où des noms de femmes se sont ajoutés par-ci par-là. A Sion en revanche, Sainte Marguerite, patronne des femmes enceintes, reste la seule femme présente dans l'espace public.

Sujet radio: Deborah Sohlbank

Adaptation web: Emilie Délétroz

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