"La haute conjoncture est réjouissante, mais presque inquiétante car on est sur une crête avec le risque de passer de l'autre côté", a déclaré mercredi Alain Ribaux, président du Conseil d'Etat. La hausse généralisée des prix, dont l'indexation des salaires qui coûte des millions, engendre des charges supplémentaires alors que des "incertitudes demeurent avec les versements de la BNS".
Le canton s'attend à un déficit d'exploitation de 64,8 millions de francs pour 2024. Pour arriver à un bénéfice de 10,8 millions, le canton va bénéficier de revenus financiers et notamment prélever 8 millions de francs à la réserve en faveur du développement durable et 13,1 millions dans la réserve de politique conjoncturelle en lien avec les crises ukrainienne et énergétique.
Allègement prévu de la charge fiscale
En matière de revenus, le gouvernement prévoit une évolution positive des projections fiscales (+66,2 millions de francs). La réserve de lissage des revenus fiscaux sera alimentée de 14,9 millions.
"Avec ce bon résultat, le canton a décidé de poursuivre les réformes fiscales pour rester dans le peloton. L'allègement de la charge fiscale des personnes physiques va se monter à 1%", a déclaré Laurent Kurth, conseiller d'Etat en charge des finances.
Au niveau des charges, l’augmentation concerne notamment le domaine de la santé (+28,3 millions). Une nouvelle dépense de 10,6 millions de francs, au titre de redistribution aux communes de la moitié de la contribution fédérale pour compensation des surcharges géotopographiques, a notamment été aussi budgétée.
Subsides: 8,3 millions supplémentaires
"En concevant le budget, la hausse des primes maladie pour Neuchâtel avait été estimée à 6%. Avec une augmentation de 9,8% annoncée mercredi, le Conseil d'Etat a prévu un amendement au budget et une croissance des subsides LAMal de 8,3 millions de francs", a ajouté Laurent Kurth. Cette hausse sera intégralement financée, grâce notamment à un versement supplémentaire de 3 millions de la Banque cantonale neuchâteloise.
"Avec les 8,3 millions supplémentaires, le canton pourra consolider le dispositif et assurer l'intensité de la hausse des subsides", a expliqué Florence Nater, conseillère d'Etat en charge de la cohésion sociale. Au total, les subsides LAMal se monteraient à 144 millions, dont environ 50 millions à charge du canton, le reste étant payé par la Confédération et les communes. "En 2022, cette somme n'était que de 120 millions", a rappelé Florence Nater.
Les investissements nets sont budgétés à 119,4 millions de francs, soit en hausse de 1,6 million sur un an. "Les amortissements des futurs investissements importants vont peser sur le compte de résultat à l'avenir", a ajouté Laurent Kurth. Des déficits entre 77 et 110 millions sont attendus entre 2025-2027.
Les comptes 2022 avaient bouclé avec un bénéfice de 6,4 millions de francs. L'exercice 2023 devrait clôturer sur un déficit beaucoup plus élevé que les 13,6 millions, prévus au budget.
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