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Condamné à 12 ans de prison pour avoir tenté de tuer sa femme aux Roches-de-Moron

L'homme qui avait tenté de se suicider et de tuer son épouse aux Roches-de-Moron (NE) a écopé d'une peine de douze ans de prison. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Tentative de féminicide aux Roches-de-Moron (NE): 12 ans et 3 mois de prison pour le mari / Le Journal horaire / 14 sec. / le 3 novembre 2023
Le mari qui avait tenté de se suicider et de tuer son épouse en jetant sa voiture dans le vide aux Roches-de-Moron (NE) a été condamné vendredi à 12 ans et 3 mois de prison. Une mesure d'internement n'a pas été décidée par le Tribunal.

"La responsabilité est lourde et le mode d'agir est atroce et aberrant", a déclaré le président du tribunal, Alain Rufener.

Contrairement à ce que demandaient les parties plaignantes, la Cour n'a pas retenu la tentative d'assassinat, mais uniquement la tentative de meurtre. "Le mobile est égoïste mais il n'y a pas de réels actes préparatoires, ni de comportement méthodique", a ajouté Alain Rufener.

"Il va vouloir me tuer"

Le Ministère public avait requis mercredi 14 ans et sept mois ans de prison contre le quinquagénaire, ainsi qu'une mesure d'internement, en raison du risque très élevé de récidive. "Il n'a aucune prise de conscience de la gravité de ses actes, aucune empathie envers les victimes et est imperméable à tout traitement", avait déclaré le procureur général adjoint Nicolas Aubert.

"Quand il va sortir de prison. Il va vouloir me tuer. Je vais devoir fuir, je ne serai plus en sécurité", avait expliqué la victime, qui souffre de nombreuses séquelles physiques et psychiques en lien avec le drame.

Le Tribunal a ordonné une mesure de traitement thérapeutique institutionnelle. "Le prévenu n’a pas fait preuve de regrets sincères et cherche à nier sa faute", a expliqué le président du tribunal. Toutefois, même si les perspectives thérapeutiques sont lointaines, "elles ne sont pas inexistantes", a-t-il ajouté.

La Cour a réduit d'un quart la responsabilité de l'accusé. Selon l'expertise psychiatrique, au moment de passer à l'acte, le prévenu était "dans un état de jalousie extrême", altérant partiellement son discernement. Une expulsion de dix ans du territoire suisse du quinquagénaire, arrivé du Portugal en Suisse en 2013, a été exigée.

Viols et contrainte retenus

Les viols, contestés par la défense, ont été retenus par la Cour. "Les déclarations de la plaignante sont claires et mesurées", a expliqué Alain Rufener. Soupçonnant sa femme d’adultère, le prévenu "a multiplié les actes sexuels, plus par provocation que par amour".

Le tribunal a retenu également les menaces et la contrainte. Les violences étaient répétées et le prévenu "est allé jusqu’à surveiller sa femme sur son lieu de travail".

L'affaire avait agité le canton car le prévenu s'en est pris le 15 février 2022 à sa femme, alors qu'il avait une interdiction de périmètre, en raison d'un épisode de violence survenu quelques jours auparavant. Les fils de la victime avaient alors appelé la police.

Durant l'audience, le quinquagénaire a déclaré: "J'ai pensé, si je dois mourir, la personne que j'aime doit mourir avec moi". Il était allé attendre son épouse avec un couteau. Comme un de ses fils était présent, il l'avait blessé pour réussir à enlever de force son épouse.

"Un miracle"

Le prévenu avait tenté par la suite de se suicider et de tuer sa femme en jetant sa voiture dans le vide aux Roches-de-Moron, un point de vue dominant le Doubs. La voiture a plongé de 135 mètres et s'est immobilisée en contrebas grâce à des arbres. "C'est un miracle" si la victime et le prévenu s'en sont sortis vivants, avait déclaré le Ministère public.

L'accusé, qui souffrait de dépression grave et qui pensait que sa femme le trompait, était convaincu qu'il était victime d'un sort de sorcellerie car sa femme avait fait appel à une cartomancienne, avait ajouté son avocat Baptiste Hurni.

La Cour a estimé le tort moral à 70'000 francs pour son épouse, qui a divorcé depuis le drame. L'avocat de la victime réclamait 150'000 francs.

La défense est satisfaite que la tentative d’assassinat et l’internement n’aient pas été retenus. "On devra étudier le jugement détaillé pour évaluer la pertinence de formuler un appel", a expliqué Baptiste Hurni.

ats/jfe

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