Pascal Lüthi: "On attend de la police qu'elle agisse avant même que des problèmes arrivent"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Pascal Lüthi, commandant de la Police neuchâteloise
L'invité de La Matinale (vidéo) - Pascal Lüthi, commandant de la Police neuchâteloise / La Matinale / 12 min. / le 1 décembre 2023
Le premier policier du canton de Neuchâtel s'apprête à devenir le premier douanier de Suisse. En interview vendredi dans La Matinale, le futur ex-commandant Pascal Lüthi revient sur les transformations de la police, après une décennie à sa tête.

Agé de 55 ans, Pascal Lüthi quittera son poste de commandant de la police cantonale neuchâteloise à la fin de l'année. Il reprendra les rênes de l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières dès le 1er janvier.

Vendredi dans La Matinale, il évoque les changements du métier de policier, qu'il a observé durant ses 11 années de fonction, lors desquelles il a notamment mis sur pied la police unique, une réforme initiée par ses prédécesseurs.

>> Relire : Un Romand nommé à la tête de l'Office fédéral des douanes

Ces "changements profonds d'organisation" ont "soulevé beaucoup d'émotion", déclare-t-il. "Mais aujourd'hui, la police neuchâteloise (...) assure une vraie cohérence des compétences et des modes d'action", assure-t-il. Actuellement, la police neuchâteloise emploie quelque 400 policiers et assistants de sécurité publique.

Nouvelles menaces

Avec un profil atypique - sans formation policière mais diplômé en physique et en informatique - Pascal Lüthi, qui a auparavant dirigé la sécurité de l'entreprise Syngenta, aura aussi vécu la concrétisation de la criminalité informatique.

"Du point de vue de la police, il a fallu faire des efforts pour acquérir les compétences, les instruments, la façon de mener les enquêtes. Elles sont compliquées dans ce domaine-là. Et évidemment, il fallait lutter contre le sentiment d'impunité apparu au début du phénomène cyber", raconte-t-il.

Plus de prévention

Selon Pascal Lüthi, la population attend aujourd'hui de la police "beaucoup plus dans le domaine préventif". Le recours à la force reste certes nécessaire, dit-il. Mais "on attend de la police qu'elle agisse avant même que des problèmes arrivent. La police, ces dix-quinze dernières années, s'est transformée d'un instrument essentiellement répressif à un instrument qui, aujourd'hui, fait beaucoup de prévention", note-t-il.

Les compétences émotionnelles sont donc devenues un critère à l'engagement des policiers. "Dans le casting, nous sommes de plus en plus attentifs à cet aspect. Et, bien sûr, il y a des efforts assez importants de formation", explique le futur ex-commandant de la police neuchâteloise.

Les femmes en minorité

Les rangs de la police restent très masculins. "C'est un problème", reconnaît Pascal Lüthi, évoquant aussi une asymétrie parmi les cadres. "Nous perdons un nombre assez important de femmes qui travaillent chez nous après dix ou quinze ans de carrière. Et c'est là, évidemment, où la carrière de cadre commence", développe-t-il.

Le numéro un de la police neuchâteloise avance un facteur d'explication: la difficile conciliation entre vies de famille et professionnelle, due aux horaires irréguliers et à la "confrontation avec la violence". 

"Mais franchement, la police se féminise. On peut voir le verre à moitié plein ou à moitié vide, évidemment", nuance-t-il.

Pascal Lüthi souhaite également que la mixité des origines s'accroisse au sein de la police. Que pense-t-il des accusations de racisme systémique au sein des forces de l'ordre? Le commandant neuchâtelois souligne que la police "fait faux et doit rendre des comptes" lorsqu'elle discrimine. Mais il souligne aussi son travail "admirable" pour ne pas se comporter ainsi.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: ami

Publié Modifié