L'homme qui a semé le trouble dans une école de Cortaillod était arrivé en Suisse il y a trois jours
L'individu était connu sous plusieurs identités et de plusieurs services de police dans d'autres pays européens, principalement pour des faits de violences, indiquent samedi le Ministère public et la police cantonale dans un communiqué.
L'homme était arrivé en Suisse mercredi par voie ferroviaire à Genève. Il s'est présenté le même jour au Centre fédéral d'accueil de Boudry afin d'y déposer une demande d'asile.
Au vu de son état mental, le jeune homme a fait l'objet d'une prise en charge psychiatrique au Réseau hospitalier neuchâtelois où il a été gardé une nuit en observation. Il a été raccompagné jeudi en début d'après-midi au CFA de Boudry. En raison de son comportement "agité", le personnel du centre a alerté l'équipe médicale.
Le jeune homme n'a toutefois pas donné suite au rendez-vous avec le personnel du CFA et a quitté le centre de Boudry "de manière indéterminée". Son emploi du temps pour la journée de vendredi fait l'objet d'investigations de la police judiciaire fédérale. Un contact a aussi eu lieu entre les autorités neuchâteloises et la la conseillère fédérale en charge de Justice et Police Elisabeth Baume-Schneider.
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Intervention massive de la police
Le jeune homme a été interpellé vendredi vers 14h45 après la mise en place du protocole "Amok" (prévention des attaques dans les écoles) et l'intervention massive de la police. Alors que les élèves étaient encore en cours, il s'était introduit dans l'enceinte du collège primaire des Corneilles, où se trouvaient 300 écoliers de moins de douze ans. Visiblement "déséquilibré", il aurait adressé la parole à plusieurs enfants avant de se mettre à hurler. Il aurait aussi prononcé les termes "Allah Akbar".
Face à cette situation, une enseignante et le concierge de l'établissement ont alerté la police, qui s'est mobilisée en force pour intervenir et interpeller l'individu à l'extérieur de l'école située dans les hauts de Cortaillod. L'opération a nécessité le déploiement de 34 policiers, dont des membres du groupe d'intervention. Personne n'a été blessé.
A l'heure actuelle, aucun élément évoquant un lien terroriste n'est établi, précisent les autorités neuchâteloises. Le suspect n'était pas armé au moment où il se trouvait dans le périmètre de l'école. Il n'est pas entré dans les bâtiments scolaires, mais se trouvait dans la cour de l'école. Il a circulé entre les bâtiments en ayant "un comportement erratique".
Interrogé dans Forum le conseiller d'Etat en charge de la Justice Alain Ribaux a confirmé qu'il s'agissait d'un "individu isolé qui ne travaille pas en équipe". "C'est un homme perturbé et non un terroriste", a-t-il ajouté. L'élu rejette aussi tout manquement au niveau de sa prise en charge et confirme qu'il a été placé en cellule jusqu'à ce que son sort soit tranché, entre un suivi médical et un enfermement.
Les autorités rassurantes
Au lendemain de cet incident, le sentiment qui prévaut à Cortaillod est qu'il y a eu finalement plus de peur que de mal. Mais les parents font tout de même part de leur stupeur et de leur inquiétude quant à la sécurité dans le village.
Du côté des autorités, on se veut rassurant. "C'est un événement grave qui est pris très au sérieux par le Service de l'enseignement, les directions et les enseignants", a réagi samedi dans le 12h30 Crystel Graf, conseillère d'Etat en charge de l'Education. "Il s'agira maintenant de gérer l'après et d'apporter dès lundi pour le retour en classe le soutien nécessaire aux élèves, aux enseignants, au personnel technique et à toutes les personnes impliquées." Un dispositif d'aide psychologique a d'ailleurs été mis en place dès vendredi.
Crystel Graf, qui a salué la réaction "exemplaire" du personnel travaillant dans l'école, a aussi indiqué que des protocoles de gestion pour ce type de crises sont en place depuis 2005, un "système adéquat" à ses yeux.
Pas de mesures supplémentaires lundi
S'agissant de la sécurité des établissements scolaires, la situation ne nécessite pas de mesure particulière supplémentaire, précisent la police et le Ministère public. La police procède en permanence à une analyse de la situation et adapte ses moyens en conséquence.
"On ne va pas mettre des grillages autour des écoles. On est dans un canton sûr avec des interventions de la police qui peuvent être très rapides et rien ne dit qu'il y aura d'autres problèmes de ce type prochainement", a aussi déclaré Alain Ribaux dans Forum. "Lundi, on pourra aller tranquillement dans les écoles."
Le conseiller d'Etat a en outre indiqué que les ministres cantonaux chargés de la sécurité allaient se réunir pour discuter des mesures de sécurité en lien avec la procédure "Amok".
boi avec ats