Si certains enfants avaient le sourire à leur entrée dans l'école lundi matin, d'autres affichaient un visage un peu plus fermé. Les parents, qui sont d'habitude quelques-uns à laisser leurs enfants s'y rendre seuls, les ont accompagnés pour cette reprise.
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"Ma fille a l'habitude d'être très autonome... Là, ce n'était pas du tout la même chose. Elle a eu très peur tout le week-end, surtout le premier soir. Elle n'était pas très rassurée de venir toute seule ce matin à l'école, donc j'ai pris congé pour pouvoir l'amener", témoigne la maman d'une fille de huit ans dans le 12h30 lundi.
Lundi matin, tous les enseignants et enseignantes étaient à leur poste, mais aucun n'a souhaité s'exprimer au micro de la RTS.
Craintes et interrogations
Beaucoup de questions demeurent, notamment sur le profil de l'homme appréhendé. Ce jeune d'origine algérienne s'est avéré être connu de plusieurs services de polices européennes. Il venait de faire une demande d'asile à Boudry et sortait d'une nuit d'observation à l'hôpital neuchâtelois en raison de son état psychiatrique.
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"Il y a beaucoup de questions: pourquoi a-t-il été relâché, pourquoi l'ont-ils laissé entrer?", s'interroge cette même mère.
Une autre maman indique que sa fille de six ans a pu pleurer et poser ses questions dans un premier temps puis rejouer dans un second temps ce week-end. Alors qu'elle, en tant que parent, a plus de mal à digérer les événements. "Probablement parce qu'on réalise un peu plus les risques en tant qu'adulte."
Ce retour à l'école rime aussi avec des attentes du côté des parents. Un papa souhaite notamment "que les enfants puissent en parler aux professeurs". "On aimerait qu’ils puissent débriefer, et mettre des mots là-dessus", note-t-il dans le 12h45 lundi.
Dispositif en place
Pour rassurer les enfants et les parents, un dispositif complet a été prévu: deux policiers en civils placés à l'extérieur des bâtiments, et une cellule psychologique pour les élèves et les enseignants qui en ont besoin.
"On observe que les enfants sont très résilients et arrivent à se soutenir les uns les autres", constate Nicole Treyvaud-Remy, responsable du Centre d’accompagnement et de prévention des écoles neuchâteloises (CAPPES). "On les rassure beaucoup (...) On laisse beaucoup d’espace à tout ce qui touche à l’émotionnel." Ce matin, de nombreux élèves ont fait appel à la cellule de soutien. Le dispositif sera évalué en fin de journée et adapté pour la suite, selon les besoins.
Les enseignants ont, eux, assisté à une courte séance préparatoire juste avant le début des cours avec des consignes pour accueillir les émotions des élèves, sans jugement ni minimiser ce qui s'est passé.
Réflexion à venir
Priorité à l’écoute et retour à la normale sont les objectifs du directeur, bien occupé ce week-end aussi. Il se félicite de la manière dont la situation a été gérée vendredi, et pour lui, il n’y a pas lieu de douter de la sécurité dans l’école.
"Je crois qu’on peut être serein. Ce sont des éléments marquants évidemment mais qui restent exceptionnels, heureusement. Je ne crois pas qu’il y ait de psychose qui s’installe par rapport à l’école et aux écoles en général", rassure Laurent Schüpbach, directeur du cercle scolaire des Cerisiers.
Une réflexion devrait être menée afin de voir si le niveau de préparation actuel des écoles est adapté à d'éventuels autres événements, précise Pierre-Alain Porret, président du Syndicat des enseignants neuchâtelois et secrétaire général du Syndicat des enseignants romands.
"La réflexion doit se faire au niveau local pour voir si des choses auraient éventuellement pu être améliorées et ensuite au niveau cantonal pour voir si toutes les écoles peuvent subir par exemple un rafraîchissement des consignes, ou pour voir si les nouveaux enseignants peuvent être formés à leur tour", indique-t-il lundi dans La Matinale.
Sujets radio et TV: Gaël Klein, Romain Bardet et Elodie Botteron
Adaptation web: juma