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Frédéric Mairy: "Il faudra rediscuter de la solution à deux hôpitaux"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Frédéric Mairy, futur conseiller d'Etat neuchâtelois
L'invité de La Matinale (vidéo) - Frédéric Mairy, futur conseiller d'Etat neuchâtelois / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 11 min. / le 18 décembre 2023
Le socialiste Frédéric Mairy remplacera son collègue de parti Laurent Kurth au Conseil d'Etat neuchâtelois dès le 1er mars prochain. Invité lundi de la Matinale, le conseiller communal de Val-de-Travers a évoqué les défis de sa future fonction, notamment l'épineux dossier des hôpitaux.

Le Conseil d'Etat neuchâtelois va changer les dénominations et les attributions de deux départements à l'entrée en fonction de Frédéric Mairy, élu fin novembre à une très large majorité. Alors que Laurent Kurth dirigeait jusqu'ici un dicastère comprenant les finances et la santé, le nouveau venu va prendre la tête d'un département qui englobe la santé, les régions et les sports. Sa collègue PLR Crystel Graf dirigera elle un département avec les finances, la formation et la numérisation.

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Le socialiste va donc perdre la direction les finances. Il le regrette, mais en prend acte: "J'aurais volontiers conservé les finances, qui sont un enjeu central (...) mais la droite est majoritaire au Conseil d'Etat et au Grand Conseil depuis 2021. L'occasion de reprendre les finances s'est donc présentée pour elle, cela fait partie du jeu", résume le futur conseiller d'Etat.

Un site unique pour les soins aigus?

Pour Frédéric Mairy, l'un des grands enjeux sera donc celui des deux hôpitaux de La Chaux-de-Fonds et de Neuchâtel. Selon lui, le canton ne pourra pas faire l'économie d'un nouveau débat concernant l'avenir des deux sites, car ce "doublon" continue à générer des surcoûts pour le système de santé.

A ses yeux, "un site unique" n'est pas envisageable, car il est "important de garder une présence de l'hôpital neuchâtelois" dans les différentes régions du canton, mais des discussions sur des aménagements doivent être entreprises. L'élu envisage par exemple la centralisation des soins aigus.

"Lors de l'initiative qui demandait le maintien des deux sites de soins aigus dans le canton, la population s'était largement prononcée en faveur de cette solution (...) si on devait être amené à la réinterroger, ce sera un dossier complexe et sensible. Il faut réussir à montrer quelle est la nécessité d'un site de soins aigus? Comment il fonctionne? Est-ce qu'en maintenir deux est viable? Quelles sont les opérations qui peuvent être faites sur chaque site? Je n'ai pas encore de réponse, mais ce dossier sensible devra être rouvert", estime-t-il.

Des questions plus larges

D'après Frédéric Mairy, la question des hôpitaux n'est toutefois pas la seule en jeu. "Il faut réussir à faire comprendre qu'avant d'aller à l'hôpital, les gens doivent pouvoir déjà trouver des réponses à leurs besoins de santé auprès de médecins de proximité, auprès de pharmacies, auprès de réseaux de soins à domicile. Et il faut qu'on arrive à montrer que l'ensemble de ce système de santé existe, fonctionne et peut répondre à une large partie des préoccupations avant de rouvrir le dossier", analyse-t-il.

Trouver des réponses auprès de médecins avant de se rendre à l'hôpital, à condition bien sûr, d'avoir un médecin. Dans l'Arc jurassien notamment, la pénurie est particulièrement forte et les Montagnes neuchâteloises se sentent souvent un peu oubliées.

"Il y a une volonté de réussir à maintenir un nombre de médecins généralistes suffisant dans toutes les régions du canton. Les médecins, il faut évidemment les trouver, qu'ils soient formés en suffisance et ensuite, il y a une responsabilité cantonale à les faire venir, à proposer des conditions cadres de travail qui répondent à leurs attentes", juge Frédéric Mairy qui réfute toutefois le terme de désert médical. "On garde un système de soins qui est tout à fait bon", estime-t-il.

"Il n'y a pas de division"

Frédéric Mairy sera aussi en charge des régions au sein de son département, un poste clé censé promouvoir et développer les équilibres entre les diverses parties du territoire neuchâtelois.

Pour le socialiste, il n'existe pas de divisions entre les régions, car "tous les Neuchâtelois savent qu'ils font partie d'un seul canton", mais il faut tenir compte de "sensibilités différentes."

"On a un canton qui a beaucoup évolué. On est passé de 62 à 27 communes et on n'en aura plus que 24 début 2025 (...) on a donc profité de cette nouvelle répartition des départements pour introduire le volet région, pour montrer l'importance qu'ont chacune d'entre elles", explique-t-il.

Originaire du Val-de-Travers, qui ne fait ni partie du haut ni du bas du canton, Frédéric Mairy estime avoir un atout. "Je pense que ça peut aider et qu'il est vraiment essentiel qu'on trouve au sein du gouvernement des personnes qui ne sont pas seulement issues des villes du haut et du bas, mais également des vallées", conclut-il.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: ther

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