Dans le canton de Neuchâtel, le lycée Blaise Cendrars à La Chaux-de-Fonds est dans la tourmente depuis quelques mois. En octobre dernier, les médias régionaux neuchâtelois ont révélé la suspension d'un enseignant qui avait entretenu des relations sexuelles avec des élèves, deux jeunes femmes majeures et une mineure au moment des faits.
Même si les relations étaient consenties, elles posent toutefois de nombreuses questions d'un point de vue déontologique, social et moral. Lancée le 5 janvier, la pétition a récolté quelque 350 signatures. Les initiatrices demandent notamment que des formations soient mises en place pour le corps enseignant.
Ces formations devraient traiter de la notion de consentement, particulièrement dans un contexte hiérarchisé, de l'abus de pouvoir, ou encore des responsabilités du personnel vis-à-vis des étudiantes et étudiants dans les rapports asymétriques existant au sein du lycée.
Trois relations intimes connues
Le professeur suspendu a entretenu des relations intimes avec trois jeunes femmes, qui étaient alors ses élèves. Une relation a eu lieu en 1999, les deux autres en 2016 et 2020. On ne sait pas si d'autres cas ont eu lieu durant la quinzaine d'années qui séparent la première et les suivantes.
Ces relations intimes se sont développées à chaque fois, semble-t-il, dans le contexte de productions artistiques du lycée. Ces jeunes femmes avaient atteint la majorité sexuelle et étaient consentantes.
Si ces femmes n'ont pas porté plainte, il semble qu'elles aient aujourd'hui une lecture différente sur ce qu'elles ont vécu avec cet enseignant, qui était apparemment très apprécié des élèves.
Licenciement sur décision cantonale
L'association suisse de prévention des violences envers les enfants et adolescents "Patouch" a signalé cet enseignant auprès du Ministère public. Les autorités du canton de Neuchâtel ont été prévenues dès lors que la procédure a été ouverte contre un employé de l'Etat.
Le département de l'Education a donc suspendu l'enseignant au mois de septembre dernier. L'homme a été auditionné et il a reconnu les faits. A la fin de l'année passée, le Ministère public a prononcé une ordonnance de non-entrée en matière. Du côté pénal, l'affaire est donc classée.
Cependant, du côté administratif, le canton a finalement décidé de licencier le professeur pour la fin du mois de février. L'aspect structurel de ces affaires, ainsi que le fait que ces relations soient soumises à un rapport de pouvoir, même si les élèves étaient consentantes, a pesé dans la décision.
A noter que les voies de recours sont ouvertes pour l'enseignant.
Une démarche constructive
Dans leur communiqué de presse, les pétitionnaires affirment que leur démarche se veut constructive. Elles envisagent cette affaire comme l'opportunité de réfléchir à de nouvelles mesures à mettre en place pour un meilleur vivre-ensemble, et estiment qu'il est du devoir des établissements scolaires de mener ce travail.
Une rencontre est prévue cette semaine entre la direction et les pétitionnaires, dans l'objectif d'établir un lien de confiance. De son côté, le directeur Christophe Stawarz a confié à la RTS se sentir heurté par cette pétition et l'a vécu comme une attaque généralisée contre l'institution.
En revanche, il semble prêt à discuter des questions de fond.
Sujet radio: Deborah Sohlbank
Adaptation web: Raphaël Dubois