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A Boudry, des travailleurs sociaux œuvrent désormais à réconcilier la population et les demandeurs d'asile

Suite aux incivilités dénoncées l’année passée autour du centre fédéral de Boudry, des mesures ont été mises en place.
Suite aux incivilités dénoncées l’année passée autour du centre fédéral de Boudry, des mesures ont été mises en place. / 19h30 / 4 min. / dimanche à 19:30
A Boudry (NE), la cohabitation entre la population et les requérantes et requérants d'asile du centre fédéral de Perreux est parfois source de tensions. Pour la première fois, une équipe du 19h30 de la RTS a pu suivre deux travailleurs sociaux qui tentent de les réconcilier.

Mahamat Abdelkerim et Vincent Engetschwiler se sont donnés rendez-vous devant le terminus du tram de Boudry pour entamer leur ronde. Non loin de là se situe le Centre de requérants d'asile de Perreux, un lieu qui fait régulièrement parler de lui.

C'est pour sensibiliser et prévenir d’éventuelles incivilités que le duo a été engagé. Mahamat est mandaté par le centre de Boudry et Vincent par le Canton, un binôme complémentaire.

Discuter et conseiller

Les transports publics sont des lieux privilégiés pour entamer la discussion avec les demandeurs d’asile. Les deux agents de terrain se rendent donc à l'arrêt de bus situé juste à côté du centre. Ils engagent la conversation avec plusieurs jeunes hommes, d’abord en arabe puis en français.

Ils évoquent leur parcours, Mahamat partage son vécu: "J’étais comme vous, j’étais requérant d’asile."

Une fois la discussion ouverte vient le temps de donner des conseils et rappeler quelques règles sociales. "Il faut toujours prendre son ticket de bus, ainsi les gens vont vous respecter", explique Mahamat.

Dans le bus, l’un des hommes abordés fait part de ses impressions: "Il faut bien parler, gentiment, avec les gens, c’est le plus important. Si tu viens dans mon pays et que tu craches par terre, bien sûr que je ne vais pas être content."

 Cette mesure de travail social de proximité vise à faire un peu de prévention et à essayer d’intervenir avant que des problèmes ne se présentent 

Florence Nater, conseillère d’Etat en charge de la cohésion sociale

Si ce projet pilote est en place, c’est que les délits d'un petit groupe d'individus ont fait monter la tension entre les riverains et le centre fédéral d'asile ces dernières années.

"Ce qui nous pose vraiment problème, c’est le harcèlement des jeunes filles et des femmes dans les transports publics et dans la rue", dénonçait Dastier Richner, le fondateur de l’association "Bien vivre à Neuchâtel", en février dernier.

>> Revoir le reportage de Mise au point au sujet du centre de Perreux :

Ras-le bol à Boudry
Ras-le-bol à Boudry / Mise au point / 11 min. / le 26 février 2023

Depuis le début de l’année, la situation s’est apaisée. Il faut dire que des mesures de sécurité ont été mises en place, notamment dans les transports publics, et que la fréquentation du centre est redescendue à moins de 300 personnes en moyenne.

Pour Florence Nater, la conseillère d’Etat en charge du dossier, le travail social à l’extérieur des centres apporte une vraie plus-value.

"On a souvent été dans une posture de réaction face aux incivilités", relève le cheffe de l'emploi et de la cohésion sociale. La socialiste estime que la mesure de "prévention" permet, au contraire, "d’intervenir avant que des problèmes ne se présentent".

La mission de ces travailleurs sociaux est aussi d'aller prendre la température au sein de la population. A travers ces échanges, ils espèrent pouvoir comprendre et agir sur ce qui pose des problèmes, mais également rassurer et faire connaître leur travail.

Le projet pilote se termine à la fin de l’année. Le Canton de Neuchâtel et la Confédération décideront s’il faut le prolonger.

>> Lire aussi : La pétition pour la fermeture du CFA de Boudry remise aux autorités

Sujet TV: Juliette Jeannet

Adaptation web: Doreen Enssle

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