Depuis 2019, une task force baptisée "Team ruptures" est chargée par le Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) de surveiller le niveau des stocks de médicaments.
"Je traite le tableau de toutes les ruptures pour assurer un suivi, pour savoir si on a bien commandé et si on a bien reçu [les médicaments manquants], quelles sont les quantités qu'on a en stock, si c'est quelque chose qu'on doit traiter urgemment ou pas...", a détaillé jeudi dans le 19h30 de la RTS Justine Brahier, assistante en pharmacie à l’hôpital Pourtalès et membre de cette task force.
Cela fait une dizaine d’années que l’industrie est à flux tendu, mais les pénuries de médicaments se sont encore intensifiées, avec souvent de mauvaises surprises en termes de logistique. Certaines livraisons reçues sont par exemple incomplètes. "C'est à nous de faire le suivi auprès du fournisseur, de demander des délais, de savoir si notre commande reste enregistrée et potentiellement s'ils peuvent nous donner une alternative", explique le logisticien Luca Battaglia.
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Trouver une alternative
Ces ruptures de stock qui peuvent durer plusieurs mois sont problématiques pour les hôpitaux. Les pharmaciens doivent alors trouver des solutions pour remplacer les médicaments manquants. "Il y a des ruptures qui sont assez simples, où on va juste changer de marque de générique ou de conditionnement. Et il y a des ruptures qui sont plus compliquées à traiter. On peut être amené à importer depuis l'étranger", indique Amandine Moutet, pharmacienne responsable du secteur logistique pharmaceutique pour le RHNe.
"Et il arrive aussi qu'on ne trouve pas d'alternative vraiment équivalente. On a eu l'exemple du Temgesic, un antidouleur qui n'avait pas d'équivalent en injection, pour lequel on a dû chercher d'autres solutions en patch ou en comprimés, ou encore d'autres molécules", poursuit-elle.
L’an dernier, la structure neuchâteloise a dû faire face à 600 ruptures de stock. Une cellule d’information hebdomadaire a également été mise en place entre les hôpitaux romands pour freiner ce phénomène.
Sujet TV: Jan Haesler et Théo Jeannet
Adaptation web: Emilie Delétroz
La Confédération prend aussi des mesures
La Suisse compte aujourd’hui 126 médicaments et 13 vaccins en rupture de stock. Les causes de ces pénuries sont diverses.
Premièrement, avec la production de substances actives en partie délocalisée en Chine et en Inde, il existe une grosse dépendance aux événements géopolitiques. Ensuite, les chaines d’approvisionnement se sont fragilisées, ce qui réduit leur résilience. Et enfin, le marché suisse est petit et donc peu attrayant pour l’industrie pharmaceutique.
Pour faire face à ces pénuries, la Confédération prend des mesures depuis 2006 déjà. Les boîtes de médicaments peuvent par exemple être fractionnées pour évider le gaspillage. La Confédération propose aussi l’extension des réserves obligatoires ou encore la facilitation des importations.
A l'instar de Neuchâtel, les hôpitaux s’activent également de leur côté. Aux HUG par exemple, deux personnes sont uniquement dédiées à la recherche de solutions.