Clarence Chollet: "Il faut développer les énergies renouvelables en parallèle, pas les unes contre les autres"
En 2014, deux tiers de la population neuchâteloise acceptaient un plan prévoyant la construction d'une soixantaine de turbines réparties sur cinq sites. Ces installations projetées sur la Montagne de Buttes (20 engins), au Mont de Boveresse (18), à Crêt-Meuron (7), à Mont-Perreux (10) et à La Joux-du-Plâne (4) devaient couvrir 20% de la consommation en électricité du territoire cantonal.
Toujours pas d'éoliennes 10 ans après
Pourtant, dix ans plus tard, aucune hélice à l'horizon. Clarence Chollet, la nouvelle présidente de la section neuchâteloise du lobby éolien Pro Eole, ne désespère pas. "Il y a quand même quatre sites qui sont en bonne voie pour en accueillir, notamment sur la Montagne de Buttes qui a récemment reçu l'aval du Tribunal fédéral", note-t-elle mercredi au micro de La Matinale.
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Elle explique ce retard notamment par la longueur des procédures: "Pour les grandes installations d'énergie, c'est utile et nécessaire de suivre scrupuleusement les procédures". Mais tout cela pourrait bientôt changer avec l'entrée en vigueur, en février dernier, de la loi "Wind express", qui prévoit d'accélérer les procédures d’autorisation pour les parcs éoliens.
Quand on a voté en 2014, j'étais enceinte de ma deuxième fille. Elle a dix ans aujourd'hui. J'espère qu'on va pouvoir lui offrir des éoliennes avant ses 18 ans
Sans compter la loi sur l'électricité, qui vise à renforcer le développement des énergies renouvelables à l’intérieur du pays, acceptée ce dimanche, et que les plus grandes organisations environnementales soutenaient.
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Dès lors, à quand la première hélice dans le ciel neuchâtelois? "Bientôt, je l'espère. Quand on a voté en 2014, j'étais enceinte de ma deuxième fille. Elle a dix ans aujourd'hui. J'espère qu'on va pouvoir lui offrir des éoliennes avant ses 18 ans", plaisante-t-elle.
Nouvelles opportunités techniques
Une étude récente de l'Office fédéral de l'énergie attribue au canton de Neuchâtel un potentiel d'un peu plus de 1000 GWh, soit la production de 180 éoliennes de très grande taille. Les 59 éoliennes projetées sur cinq sites peuvent paraître dérisoire à côté. "En dix ans, la technique a beaucoup avancé", rétorque Clarence Chollet.
Concernant la loi sur l'électricité qui a passé l’épreuve des urnes ce dimanche, elle ne changera pas grand-chose dans le canton de Neuchâtel au sujet de l'éolien, déjà bien avancé sur cette question. "En fait, elle reprend toutes les bonnes procédures qu'on avait déjà dans le canton", depuis l'acceptation de la planification cantonale en 2014. Ce qui n'est pas le cas ailleurs en Suisse où certains concepts de l'éolien ne sont pas toujours maîtrisés, ajoute-t-elle.
Seules 47 éoliennes actuellement en Suisse
Pour l'heure, la Suisse ne compte que 47 turbines. Mais avec la nouvelle loi qui vise à renforcer le développement des énergies renouvelables à l’intérieur du pays, ce chiffre pourrait bientôt passer à 200, voire 300. La Suisse serait-elle devenue une terre d'éoliennes? Pas jusque-là, répond Clarence Chollet.
Je pense que la Suisse est surtout une terre d'énergie hydraulique, un potentiel déjà bien exploité qui va encore augmenter
Selon elle, la Suisse est une terre d'énergies renouvelables dont l'éolienne occupe une petite place. "Mais je pense que la Suisse est surtout une terre d'énergie hydraulique, un potentiel déjà bien exploité qui va encore augmenter." Sans compter l'énorme potentiel de l'énergie solaire en Suisse, dont l'éolienne est justement complémentaire. "Notamment en hiver où le solaire produit moins, et c'est là où le meilleur potentiel éolien existe."
Quoi qu'il en soit, pour elle, il est primordial de développer toutes les sources d'énergies renouvelables en parallèle. "Il ne faut pas mettre les énergies renouvelables les unes contre les autres", conclut-elle.
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Texte web: Fabien Grenon