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La Brévine cherche des solutions pour vivre sans bancomat

Dans le canton de Neuchâtel, un bancomat a explosé. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Comment vit-on dans un petit village lorsqu'il n'est plus possible de retirer de l'argent? / La Matinale / 5 min. / jeudi à 07:25
Suite à l'attaque à l'explosif du bancomat de la BCN de La Brévine (NE) fin mai, ce dernier est hors service. Par sécurité, la Raiffeisen a fait de même avec son distributeur situé non loin. Les autorités de la commune veulent maintenant trouver des solutions.

La Brévine compte quelques centaines d'habitants. Sa population est plutôt âgée et très attachée à l'argent liquide. Mais il faut désormais faire le déplacement au Locle, aux Ponts-de-Martel ou dans le Val-de-Travers pour retirer du cash.

Cette situation est pesante pour de nombreuses personnes qui payent toujours leurs achats, voire leurs factures, à l'office postal avec du liquide. C'est le cas de Maurice Zwahlen, qui résume les choses sans détours dans La Matinale de la RTS.

"Les distributeurs, ça rend quand même service quand on reçoit les factures. On va chercher ce qu'il nous faut et on va payer et puis voilà. Maintenant, il faut aller aux Ponts-de-Martel, au Locle, ce n'est pas pratique. Nous, ça va, nous avons un véhicule, mais pour les personnes âgées, c'est vraiment chiant." Une dame âgée qui n'a plus de voiture confie ainsi qu'elle prend le bus pour aller au Locle retirer de l'argent.

Manque à gagner pour les commerçants

Les commerçants locaux réagissent de diverses manières. Pour certains, cela ne change pas grand-chose. Ils utilisaient déjà passablement la carte ou envoyaient des factures. Mais pour beaucoup d'autres, il est difficile d'accepter de passer au paiement par carte à cause des frais occasionnés. La boulangerie du village a dû s'y résigner, tout comme l'épicerie locale. La patronne est en train de faire les démarches. Jusqu'ici, elle n'acceptait que le cash ou Twint, qui n'est pas accessible aux frontaliers.

J'envisage de monter mes prix pour ceux qui paient avec la carte

Jean-Daniel Oppliger, directeur de l'Hôtel-de-Ville de La Brévine

Jean-Daniel Oppliger, directeur de l'Hôtel-de-Ville de La Brévine, fulmine derrière son comptoir. Avant, les clients allaient vite retirer du cash pour payer leur café ou leur bière. Maintenant, ce n'est plus possible. "On est obligé d'accepter la carte, avec les frais bancaires qui vont avec. C'est un manque à gagner pour nous, surtout pour les petits montants. C'est pour cela que j'envisage de monter mes prix pour ceux qui paient avec la carte."

Pour le restaurateur, il y a aussi cette crainte, dans ce village isolé, de ne plus pouvoir aller directement verser l'argent au bancomat de la Raiffeisen à la fin de chaque journée de travail.

 Les gens iront en ville pour retirer de l'argent et du moment qu'ils seront en ville, ils feront leurs achats là-bas

Marceline Huguenin, gérante d'un magasin de meubles et brocante à La Brévine

Marceline Huguenin, elle, gère avec son mari un magasin de meubles et brocante. Elle va aussi devoir proposer le paiement par carte. Elle est très inquiète des conséquences à plus long terme si les bancomats restent fermés. "On risque de perdre tous nos commerces, parce que les gens iront en ville pour retirer de l'argent et du moment qu'ils seront en ville, ils feront leurs achats là-bas."

La tenancière-banquière

En attendant une solution pérenne, les commerçants s'organisent. La patronne de l'épicerie fait des notes que les clients règlent quand ils ont retiré de l'argent. Dans le bar L'Isba, la patronne Isabelle Huguenin accepte de jouer la banquière. Les clients payent une somme par carte et reçoivent leurs billets. "Mais au niveau de la comptabilité, ce n'est pas l'idéal", glisse-t-elle dans un demi-sourire.

Mais pour Muriel Jeanneret, présidente de la commune, il faut peut-être aller dans ce sens pour continuer d'avoir de l'argent liquide à disposition dans le village. "La solution la plus simple serait d'installer un lecteur de carte qui serait relié à un compte indépendant des commerçants. Les touristes pourraient avoir l'argent liquide dont ils ont besoin et les commerçants auraient moins d'argent dans leur caisse."

L'exécutif veut dans tous les cas discuter avec les banques pour trouver des solutions. Une lettre leur a été envoyée cette semaine. Ces fermetures de bancomats ne concernent par ailleurs pas que La Brévine. Les attaques de bancomats ont touché plusieurs cantons, poussant les banques à suspendre ou réduire leurs services dans de nombreuses localités.

Dans le canton de Neuchâtel, la Raiffeisen et la Banque cantonale disent poursuivre l'analyse de la situation sécuritaire. Elles ne se prononcent pas sur la réouverture ou non des bancomats concernés, y compris ceux de La Brévine.

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Romain Bardet/asch

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