La Confédération rappelle au canton de Neuchâtel les contrats qui le lient concernant le centre de Boudry
"Nous avons fait part au Conseil fédéral de notre grande préoccupation concernant le centre de Boudry", a annoncé mercredi Florence Nater, conseillère d'Etat en charge de la Cohésion sociale, relevant que le Conseil d'Etat attendait des mesures supplémentaires pour améliorer la situation au centre d'accueil, notamment sur sa taille et la répartition des efforts entre cantons.
>> Relire : Neuchâtel pourrait résilier la convention pour le centre fédéral d'accueil de Boudry
Le conseiller fédéral Beat Jans, désormais en charge du dossier, n'a pas souhaité s'exprimer sur la question. Son département promet en revanche qu'il se rendra à Boudry pour rencontrer les autorités neuchâteloises. La date n'est pas encore fixée, mais la visite ne devrait pas intervenir avant ce printemps.
En attendant, le Département fédéral de justice et police (DFJP) a rappelé les contrats signés qui lient Neuchâtel à la Confédération.
Plusieurs contrats signés
Tout d'abord, la résiliation anticipée évoquée concerne le contrat de servitude de superficie, qui porte sur la mise à disposition de six bâtiments sur le site de Perreux à Boudry. Il prévoit une utilisation jusqu’en 2033. Pour le résilier, précise le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), il faudrait une violation grave, par exemple ne pas payer les rentes ou changer l’affectation.
Ensuite, il y a une convention qui règle notamment la capacité de 480 places. Elle est en cours d’actualisation.
Et il y a encore la déclaration commune sur l’asile, passée il y a dix ans entre cantons, communes et Confédération, qui concerne le nombre de places minimum par centre.
L'efficience en premier
Le SEM ne semble donc pas entrer en matière sur les revendications neuchâteloises en rappelant les contrats signés, la bonne collaboration et les défis communs à relever.
Les autorités semblent privilégier l'efficience administrative, alors que Florence Nater évoquait plutôt une meilleure cohabitation entre requérants et population locale. Il faut dire que les places d'accueil manquent et que le site de Boudry est le plus grand de Suisse romande.
La taille des centres, rappelle d'ailleurs le SEM, contribue "aux objectifs d'accélération des procédures et d'économicité du nouveau système de l’asile".
Sujet radio: Alexandra Richard
Adaptation web: lan/boi avec ats
Une pétition demande la fermeture du centre
L'association Bien vivre à Neuchâtel (BVN) a lancé une pétition qui demande la réaffectation du centre fédéral de requérants à Boudry en un site pour les femmes migrantes et les familles ou sa fermeture dans un délai de six mois maximum. Les habitants estiment ne plus se sentir en sécurité.
L'association Bien vivre à Neuchâtel explique que le nombre de demandeurs d'asile hébergé à Boudry est " trop élevé pour une commune de 6000 habitants", peut-on lire sur le texte de la pétition. Selon BVN, plus de 7000 requérants ont transité par le CFA de Boudry l'an dernier, selon l'édition de vendredi d'Arcinfo qui a révélé l'information.
Dans la pétition, BVN a expliqué que les commerçants en ont marre par rapport aux vols en ville de Neuchâtel. Selon l'association, le centre est beaucoup trop proche des habitations. "La nouvelle place de sport et de fête du CFA occasionne de nombreux problèmes de bruit en journée et en soirée."
BVN se plaint de ne pas avoir été associée aux discussions concernant le centre. Sur son site, on peut lire que l'association "a été créée en 2020 par des habitants de Boudry suite aux nombreux problèmes rencontrés par la population (cambriolages, harcèlement et déprédations en lien avec certains résidents du centre fédéral), pour vivre à nouveau harmonieusement et sans peur". Elle se veut apolitique et contre le racisme.