Laurent Kurth: "Il faut des énergies régulièrement renouvelées à la tête de l'Etat"
A 56 ans, Laurent Kurth a 20 ans d’exécutif derrière lui. Dans sa commune d'origine de La Chaux-de-Fonds tout d'abord, puis dès 2012 au Conseil d’Etat neuchâtelois où il hérite des Finances et de la Santé, un département mammouth.
La semaine dernière, le Grand Conseil lui a rendu hommage. A gauche comme à droite, son engagement pour l’Etat est reconnu.
Nombreuses crises traversées
Ses mandats ont été rythmés par de nombreuses réformes, mais également de nombreuses crises, qu'elles aient été politiques, économiques, sociales, financières ou encore hospitalières. Sans compter le Covid.
"J'ai les cheveux qui ont un peu blanchi, c'est vrai", rigole-t-il au micro du 19h30 ce dimanche, admettant que la fonction peut être "harassante". C'est un motif de son retrait d'ailleurs, admet-il. Quoi qu'il en soit, en annonçant sa volonté de quitter le Conseil d'Etat, il y a six mois, Laurent Kurth aspirait à un peu de repos, "loin de la lumière". "J'ai en tout cas fait le deuil des mandats électifs."
C'est aussi le sens de ma volonté de laisser la place à des gens qui peuvent imprimer une dynamique nouvelle en fonction des préoccupations du moment
Le socialiste cédera officiellement sa place à son successeur Frédéric Mairy le 1er mars prochain, anniversaire de la République neuchâteloise. Tout un symbole pour cet homme d’Etat.
Selon lui, il était temps de laisser sa place. "Il faut des énergies régulièrement renouvelées à la tête de l'Etat. C'est aussi le sens de ma volonté de laisser la place à des gens qui viennent avec une énergie nouvelle et qui peuvent imprimer aussi une dynamique nouvelle en fonction des préoccupations du moment."
Satisfait de ce qu'il laisse derrière lui
Dans tous les cas, il se dit plus que satisfait de ce qu'il laisse derrière lui. "Je suis surtout satisfait de regarder aujourd'hui le climat général qui prévaut à Neuchâtel, qui est celui d'un climat de confiance. Le canton va bien, il a retrouvé un élan démographique, économique. Et ce, alors que je suis rentré en 2012 dans un climat extrêmement tendu, émaillé de multiples affaires politiques."
J'ai compris assez vite avec ce métier que c'est un métier de gestionnaire de crise
Tout n'a pas été simple en 20 ans d'exécutif. Les crises qu'il a traversées lui ont d'ailleurs coûté quelques solides inimitiés encore aujourd'hui, notamment dans sa ville d'origine de La Chaux-de-Fonds. Il en convient, mais l'accepte. Selon lui, ça fait partie de la fonction.
"J'ai compris assez vite avec ce métier que c'est un métier de gestionnaire de crise", insiste-t-il. Et en temps de crise, il y a forcément des inimitiés qui se forment. "Mais je crois que je me suis toujours attelé à tenter d'apporter du calme durant les périodes agitées."
Connaissance intime du système de santé suisse
Durant sa carrière politique, Laurent Kurth a développé une connaissance intime du système de santé du pays dont le modèle est, selon lui, arrivé en bout de course. "Ce modèle est entretenu par des lobbies qui se servent quand même pas mal dans ses financements qui coûtent aujourd'hui chaque mois des sommes insupportables pour les ménages. Il faut donc remettre de l'ordre dans tout cela et trouver un pilote."
Pour ce faire, il appelle à la création d'un Secrétariat d'Etat à la Santé. Mais il l'assure: il ne sera pas candidat si un tel poste devait être créé. "C'est vrai que mon profil peut être intéressant, dans le sens où j'ai dirigé en même temps la santé et les finances, mais je n'ai pas fait cette proposition il y a une année pour imaginer qu'on me le propose."
Propos recueillis: Gabriel de Weck
Adaptation web: Fabien Grenon
"J'ai adoré ce métier"
Également invité dans La Matinale de la RTS, Laurent Kurth tient à souligner "le plaisir et la passion" qui ont marqué son mandat de conseiller d'Etat. "J'ai adoré ce métier. J'ai adoré les équipes avec qui j'ai travaillé. J'ai adoré aussi bien ferrailler, réfléchir, imaginer et puis même, avec le recul, douter et avoir quelques craintes", dit-il.
Le Neuchâtelois insiste sur la dimension collaborative de sa fonction, qui est "un gros motif de satisfaction". "J'ai eu du plaisir à travailler avec les autres, à former des équipes", affirme-t-il. "On a besoin de collèges qui fonctionnent, qui se respectent, qui discutent, qui sont créatifs. Et je crois avoir eu la chance de participer à des collèges qui ont eu ces qualités".