Le bois utilisé par les luthiers valorisé par une nouvelle structure dans l'Arc jurassien
Les luthiers pourront désormais s'approvisionner dans la xylothèque du site d'Evologia, dans le Val-de-Ruz (NE). Dans cet espace, le bois peut sécher et se raffiner, explique Stéphane Brawand, responsable de cette nouvelle xylothèque, interrogé jeudi dans le 19h30. Le bois est analysé avec des critères scientifiques, mais aussi grâce à la sensibilité de luthiers experts.
Le projet est mené par l'association Forêtxcellence, qui défend les intérêts des propriétaires forestiers. L'association a été créée avec le soutien des cantons de Vaud, Neuchâtel et Berne, pour renforcer la filière dans l'Arc jurassien.
Mieux rémunérer les propriétaires des arbres
L'objectif est de mieux recenser et valoriser ces arbres, très rares. Le bois de résonance coûtant environ dix fois plus cher que le bois standard, le valoriser est en effet un enjeu pour les propriétaires de forêts. Grâce à cette xylothèque, ils doivent donc être mieux rémunérés.
Pour l'instant, "le bois de très haute qualité est souvent dilué dans des lots qui sont vendus en bordure de forêts et qui vont dans un cycle traditionnel de menuiserie, voire de charpente", explique Stéphane Brawand, interrogé également vendredi dans la Matinale. "C'est extrêmement dommage pour cette qualité de bois", estime-t-il.
Les luthiers intéressés
Jean-Michel Capt, luthier au Brassus, dans la Vallée de Joux, salue cette évolution. "Tous les luthiers connaissaient ce bois du Risoux et de l'Arc jurassien, mais il n'y avait pas de réelle prise de conscience du potentiel de ces arbres que tous les luthiers réclament", décrit-il.
L'objectif de ce projet est aussi de placer l'Arc jurassien sur la carte internationale des producteurs de bois de résonance. "Le marché international est important, surtout au niveau de la Chine et du Japon", confirme François Godi, membre du comité de Forêtxcellence.
Sujet radio et TV: Romain Bardet et Juliette Jeannet
Comment identifier un arbre capable de devenir instrument de musique?
Il n'est pas forcément facile de prime abord d'identifier un arbre qui est susceptible de servir de base à l'élaboration d'un instrument de musique.
Tout d'abord, il s'agit forcément d'un épicéa, explique Hubert Jenni, garde forestier au Locle, interrogé dans le 19h30. Il faut ensuite déterminer le diamètre de l'arbre "si possible à partir de 55 centimètres, sans nœuds, droit, cylindrique, propre et sans blessure". A l'intérieur, "la régularité et l'épaisseur des cernes doit également être très très très faible".
Au final, le nombre d'arbres éligibles est très restreint, ce qui en fait une filière de niche.