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Les camps de la Seconde Guerre mondiale racontés à travers des centaines d'objets

À Neuchâtel, le Laténium expose de nombreux objets issus des camps de la Seconde Guerre mondiale
À Neuchâtel, le Laténium expose de nombreux objets issus des camps de la Seconde Guerre mondiale / 19h30 / 3 min. / le 25 mai 2024
Le Laténium, musée d'archéologie de Neuchâtel, consacre une exposition à des objets du quotidien retrouvés dans différents camps de la Seconde Guerre mondiale. Pour les prisonniers de ces camps, ces objets sont porteurs d'une lourde charge émotionnelle.

Un vieux peigne, une fiole, une croix en pendentif... Au Laténium, au bord du lac de Neuchâtel, 650 objets provenant de différents camps nazis - en France, en Pologne et en Allemagne - sont désormais exposés aux yeux du public.

Il y a par exemple cette série de peignes édentés. Sortis de terre lors de fouilles archéologiques, ils ont une histoire à raconter. 

Raconter le quotidien des détenus

Au Laténium, 650 objets provenant de différents camps nazis - France, Pologne et Allemagne - sont désormais exposés aux yeux du public. [Laténium - Guillaume Perret]
Au Laténium, 650 objets provenant de différents camps nazis - France, Pologne et Allemagne - sont désormais exposés aux yeux du public. [Laténium - Guillaume Perret]

"Cette exposition nous confronte de façon tangible aux efforts consentis par des millions d'individus pour s'adapter et résister à l’enfermement collectif, la pénurie, la déshumanisation, la brutalité, l'angoisse, l'ennui et l'arbitraire", écrit ainsi le musée dans un communiqué.

Pour Paulette Angel Rosenberg, qui a vécu à 15 ans l'enfer du camp d'internement de Drancy (France), ces petites possessions permettaient de garder un semblant de dignité. Elle gardait par exemple toujours sur elle son "peigne cassé".

"J'avais beaucoup de cheveux, une énorme chevelure", raconte cette survivante de l'Holocauste. "Je ne voulais pas me les faire couper... mais plus tard, ils m'ont rasé la tête", se souvient-elle.

Cette masse d'objets met en lumière la vie quotidienne des anciens prisonniers et prisonnières, un aspect "souvent occulté dans les sources historiques et les témoignages oraux", souligne encore le Laténium. Ainsi, l'archéologie contemporaine, qui se développe ces dernières années, complète les récits des survivants.

Ces objets créent une possibilité d’identification avec les personnes qui ont vécu ces périodes tragiques

Géraldine Delley, directrice adjointe du Laténium 

Ces objets qui nous sont familiers créent "une possibilité d’identification avec les personnes qui ont vécu ces périodes tragiques", note encore Géraldine Delley, directrice adjointe du Laténium .

Documenter malgré l'interdit

Certaines de ces pièces sont également des héritages familiaux, comme ces photographies en noir et blanc confiées au musée par François-Xavier Chauvière.

Son père avait réussi à fabriquer un appareil photo de fortune à Berlin. Lui et ses compagnons d'infortune ont ainsi pu documenter le camp de travail forcé dans lequel ils se trouvaient. "Ils ont pu prendre certains clichés" alors qu'il était interdit d'en prendre, explique l'archéologue.

L’appareil a sûrement été abandonné au moment de la Libération. Les photos, elles, ont trouvé leur place dans l’exposition. Aucune note ne les accompagne, ce sont donc les images qui continueront de raconter ce pan de l’histoire.

"Tout ce que [notre père] a pu nous dire, c'est dans ma tête et celles de mes frères et sœurs", ajoute François-Xavier Chauvière.

Reportage TV: Juliette Jeannet

Adaptations web: Doreen Enssle

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