Les arnaques financières se multiplient, mais les victimes peinent à trouver des ressources adaptées pour se reconstruire. "Il manque aujourd'hui une véritable porte d'entrée", souligne Delphine Roulet-Schwab, professeure à la Haute Ecole de la santé La Source à Lausanne et présidente du centre de compétence national Vieillesse sans violence.
"Le dispositif de prévention est assez bon en Suisse, mais les violences économiques ne sont pas couvertes. Les Centres de consultation LAVI, par exemple, n'entrent pas en matière pour ce type de violences", explique-t-elle lundi dans La Matinale de la RTS.
Pour combler ce vide, un modèle inspiré des services d'aide aux personnes âgées va voir le jour à Neuchâtel. Un numéro d'appel gratuit et confidentiel permettrait aux victimes de recevoir une écoute et une orientation adaptées, indique Delphine Roulet-Schwab.
Accompagner les victimes
Le projet est conduit avec l'Institut de Lutte contre la criminalité économique (ILCE) de la Haute Ecole Arc. Il réunira divers partenaires: police, banques ou professionnels de la santé.
"Il peut s'agir d'un accompagnement psychologique, car ça peut avoir un aspect très traumatisant de se faire avoir, d'avoir perdu parfois toutes les économies d'une vie ou d'avoir mis en difficulté son entreprise", précise Delphine Roulet-Schwab. "Il peut aussi s'agir de conseils financiers ou administratifs. Ça a créé un trou dans mon budget; qu'est-ce que je peux faire, qu'est-ce que je dois changer?"
Martha Junod, 91 ans, a vécu une escroquerie traumatisante. Un samedi matin, un faux policier la contacte, prétendant résoudre un problème lié à sa carte bancaire. Après avoir donné son code par téléphone, elle se fait subtiliser sa carte par un homme en uniforme. Résultat: 5000 francs envolés.
>> Lire aussi : Les arnaques aux faux policiers de plus en plus fréquentes en Suisse
"J'ai pleuré, je n'y croyais pas. Je me suis dit: comment peut-on voler tout cet argent?", confie-t-elle, encore bouleversée. Martha Junod évoque aussi la peur et la honte qui l'empêchent désormais de faire confiance, même à un véritable policier.
Briser l'isolement
Thierry Chuat, responsable du Commissariat de criminalité économique et crime organisé de la police neuchâteloise, estime que ce projet répond à un besoin urgent. "Beaucoup de victimes sont seules et ne savent pas à qui s'adresser. Ce dispositif pourrait leur fournir les outils nécessaires pour se reconstruire."
Doté d'un budget de 120'000 francs, le projet sera testé pendant six mois après l'été. Si les résultats sont concluants, il pourrait s'étendre à d'autres cantons, voire à l'échelle nationale.
Sujet radio: Romain Bardet
Adaptation web: vajo