L'autorité de surveillance du Ministère public de la Confédération (MPC), tout comme le Parlement, se pencheront lundi sur la brutale interruption de l'enquête sur Frédéric Hainard lorsqu'il était procureur fédéral suppléant.
L'enquête de la RSR révèle que certains politiques craignent que le procureur d'alors, Erwin Beyeler, ait suspendu l'instruction pour éviter que ne sortent au grand jour certaines pratiques illégales du Ministère public.
Enquêtes illégales à l'étranger?
Le Procureur de la Confédération a-t-il laissé ses collaborateurs enquêter illégalement à l'étranger, et ensuite cherché à le cacher? L'hypothèse circule depuis la suspension, le 12 décembre, du mandat du procureur extraordinaire, Jacques Antenen. Ce dernier a fait recours auprès du Tribunal administratif fédéral, contre une décision qu'il juge "bizarre".
L'ancien conseiller d'Etat Frédéric Hainard se serait rendu en Uruguay en janvier 2009, en compagnie de sa maîtresse, pour une enquête, sans commission rogatoire. Mais, selon le principal intéressé, c'était une pratique admise au sein du MPC.
Cette théorie est parvenue aux oreilles du vice-président de la toute nouvelle autorité de surveillance du Ministère public. Thierry Béguin souhaite attendre le verdict du Tribunal pour s'exprimer, mais il confirme que l'autorité de surveillance va empoigner la question lors de sa prochaine séance lundi prochain.
Une suspension jugée "malvenue"
Et ce même jour, Carlo Sommaruga, membre de la commission judiciaire, va déposer une question à l'intention du Conseil fédéral. Le socialiste genevois estime "malvenue" la suspension de cette enquête: "Voulait-il cacher des pratiques qu'il avait mis en place qui n'étaient pas conforme à la loi? Je trouverais extrêmement choquant que dans ce contexte il censure la justice, alors même qu'il aurait dû la favoriser".
L'actuel conseiller d'Etat neuchâtelois Claude Nicati, alors procureur et supérieur de Frédéric Hainard, conteste avoir autorisé ces pratiques illégales. Entendu comme témoin, il réfute également qu'il s'agisse d'une habitude au sein du Ministère public.
Quant au conseiller aux Etats Vert Luc Recordon, il ne se dit pas surpris par ces soupçons. Il rappelle que c'est justement parce qu'il y a eu des pratiques douteuses au sein du MPC qu'a été mise en place l'autorité de surveillance.
Anouk Henry