Les grévistes de La Providence exigent le maintien de leur convention collective de travail (CCT) dans le cadre de la reprise de l'établissement par le groupe privé Genolier. De son côté, la direction de Genolier prévoit une augmentation de 40 à 42 heures de la durée hebdomadaire du travail ainsi qu'une réduction de plus de moitié des indemnités pour piquets, travail de nuit et du dimanche. Une externalisation des services de nettoyage et de restauration figure également au programme.
Le Conseil d'Etat cible de critiques
Le Conseil d'Etat neuchâtelois accorde des mandats de prestations et des subventions à La Providence sans imposer le respect de la CCT, s'est indignée Chantal Hayoz, secrétaire du syndicat Syna, dans un discours devant l'Hôtel de Ville. Selon elle, le gouvernement demande au citoyen de payer des impôts pour financer le dumping salarial pratiqué par Genolier.
Le Conseil d'Etat est incapable d'appliquer ses propres arrêtés sur la mise en oeuvre de la CCT Santé 21 dans les établissements de soins neuchâtelois, a poursuivi Chantal Hayoz. Et il a décidé simplement d'ignorer la motion votée le 5 décembre par le Grand Conseil pour que la loi soit respectée.
"Une médecine à deux vitesses"
"Genolier ne peut pas faire la loi ni décider de l'organisation du système de santé", a dit de son côté Stefan Giger, secrétaire général du Syndicat des services publics (SSP). "La santé est un service public, et c'est faire fausse route que d'en faire une activité commerciale orientée vers le profit", a renchéri Kurt Regotz, président de Syna.
Deux grévistes de l'hôpital de La Providence ont dénoncé pour leur part le mouvement vers une médecine à deux vitesses dans le projet de reprise par Genolier de l'établissement de soins aux mains d'une fondation catholique. Elles ont critiqué aussi l'encadrement sécuritaire réservé aux actions des grévistes. Chantal Hayoz a dénoncé elle aussi les pressions exercées contre les demandes de dialogue de grévistes exerçant un droit constitutionnel reconnu. Le problème posé par la privatisation de La Providence "ne représente qu'un début, on n'a pas fini d'en parler en Suisse", a ajouté la secrétaire romande de Syna.
ats/hof