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Pressions de l'Etat neuchâtelois sur des experts de la planification hospitalière

NE : Advimed, mandaté pour évaluer la planification hospitalière, s'estime manipulé
NE : Advimed, mandaté pour évaluer la planification hospitalière, s'estime manipulé / 19h30 / 2 min. / le 14 mars 2013
Le bureau tessinois Advimed aurait subi des pressions du Conseil d'Etat neuchâtelois pour modifier les conclusions de son étude sur la planification hospitalières cantonale, a appris la RTS.

Le Conseil d'Etat aurait fait pression sur le bureau d'experts Advimed pour qu'il change les conclusions de son étude sur la planification hospitalière, selon deux courriers du bureau tessinois que s'est procuré la RTS.

Mandaté pour comparer deux scénarios de planification hospitalière, Advimed avait conclu son étude en affirmant que l'option retenue par le gouvernement – chirurgie stationnaire à La Chaux-de-Fonds, chirurgie ambulatoire et centre locomoteur à Neuchâtel – induirait des investissements supplémentaires et des pertes de recettes, tout en présentant des risques médicaux.

Selon Advimed, le Conseil d'Etat aurait tenté de faire changer cette conclusion. Dans un premier courrier au gouvernement, daté du 9 février, le cabinet d'audit écrit : "il nous a été demandé de retirer de l'étude certaines propositions, notamment celles qui semblaient démontrer que le scénario 2 était plus favorable". Plus loin dans le même courrier: "l'une de nos propositions a été estimée hors mandat et nous avons dû la retirer de l'étude".

Pression de la commission "santé"

Dans un second courrier, adressé cette fois-ci à plusieurs députés, Advimed accuse également le bureau de la commission "Santé": "les pressions, les menaces, les méthodes quelque peu mafieuses d'un bureau qui cache des informations à une commission parlementaire ou qui, ouvertement, fait pression sur le consultant pour changer les conclusions de son rapport, montrent à quel point le débat n’a plus rien de rationnel".

Et le bureau d'étude d'asséner : "en bientôt 15 ans de conseil dans le domaine de l'organisation des systèmes de santé, et après avoir travaillé dans plus de 100 établissements hospitaliers, nous n’avons jamais rencontré un tel niveau de mauvaise foi, ni de tels propos agressifs de la part de nos interlocuteurs".

Le Conseil d'état se défend

Ce scandale présumé ne serait qu'une tempête dans un verre d’eau, selon le Conseil d’Etat. A ses yeux, Advimed n'aurait jamais été neutre et aurait voulu s'immiscer dans le débat politique, plutôt que de se limiter à son mandat technique. Ses deux courriers relèveraient donc, pour le gouvernement, de la mauvaise humeur.

Selon la Conseillère d'Etat Gisèle Ory, "nous pouvons dire que d’emblée, il a été très difficile de travailler avec ce bureau d'étude. Nous avions fait un mandat assez précis, nous voulions une comparaison entre deux scénarios possibles. Or, Advimed est sorti très souvent du mandat que nous lui avions confié. Nous avons eu le sentiment, dès le départ, qu'il n’y avait pas la neutralité qu'aurait dû avoir normalement un expert".

Le Grand Conseil se penchera sur la planification hospitalière dans douze jours, lors de sa prochaine session. C’est peu dire que les débats s’y annoncent d’ores et déjà comme enflammés.

Olivier Kurth/vkiss

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Les députés réagissent

Le député libéral-radical Olivier Haussener envisage d’exiger la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire, voire de déposer plainte : "on a créé des CEP pour moins que ça. Il y a un trafic d'influence, il y a des manipulations et en fait, j'aurais presque dû qualifier certaines personnes de voyous, voire de mafia, je n'ai pas peur de le dire, et la population mérite beaucoup mieux que cela".