Le Conseil d'Etat neuchâtelois suspend avec effet immédiat le professeur impliqué dans la crise qui secoue l'Université de Neuchâtel. La mesure est prise à titre provisoire en attendant une décision sur le fond concernant l'enquête administrative sur les accusations de plagiat.
Cette décision s'appuie sur une analyse du dossier dans sa globalité, a expliqué le gouvernement lundi. Celui-ci estime qu'au vu des conclusions de l'enquête, "face aux étudiants, aux professeurs et au public, il apparaît que, pour l'instant, la continuation des fonctions du professeur est problématique".
"Un délai" pour l'accusé
Le professeur de la Faculté des Sciences économiques, actuellement en congé-maladie, a demandé un délai supplémentaire pour s'exprimer sur le rapport sur le plagiat. Le Conseil d'Etat a accepté de lui octroyer "un délai raisonnable".
Le professeur a sollicité ce délai en arguant qu'il avait dû dernièrement consacrer du temps supplémentaire à répondre aux accusations liées à la création d'une société immobilière.
Cet homme n'avait pas annoncé formellement au rectorat qu'il avait créé cette société. Le Conseil d'Etat juge qu'il aurait dû le faire, "même si le conflit d'intérêts n'était que potentiel".
L'analyse de Virginie Pilault:
ats/gchi
Le plagiat mis de côté
Au-delà de la suspension provisoire du professeur, la question du plagiat semble avoir été mise de côté par le rectorat de l'université. Selon des documents que s'est procuré la RTS, l'idée d'établir un règlement sur le plagiat, évoquée en mars 2011, a ensuite été écartée en mai de la même année sur demande de la rectrice elle-même.
Pour sa part, l'université conteste cette interprétation. Le vice-recteur Pascal Mahon assure qu'il n'y a pas de contradiction entre le premier et le second document. L’élaboration d’un règlement sur le plagiat est la prérogative du rectorat, assure-t-il. C’est donc pour une raison de répartition des compétences que la rectrice aurait demandé au Sénat de l’université de ne pas se pencher sur la question du plagiat lors de la séance de mai.
L'avocat du professeur remonté
Le Conseil d'Etat neuchâtelois a "cédé au populisme et à la pression de l'opinion publique", a dénoncé l'avocat du professeur de l'Université de Neuchâtel suspendu lundi.
L'avocat déplore que le Conseil d'Etat ne s'attaque pas aux "véritables dysfonctionnements" au sein de cette faculté.
Michel Bise a indiqué qu'il allait discuter avec son client d'un éventuel recours auprès de la Cour de droit public du tribunal cantonal.