L'agrandissement de la gare de Lausanne dès l'an prochain est à l'origine du plus grand changement d'horaire depuis Rail 2000 en Suisse romande: celui qui entrera en vigueur le 13 décembre.
A cette occasion, la cadence des trains doit être doublée sur la ligne Neuchâtel-La Chaux-de-Fonds-Le Locle, pour assurer les correspondances avec les trains directs sur la ligne du Pied du Jura, dont la cadence va passer à la demi-heure.
Du matériel roulant suffisamment efficace
Pour atteindre cet objectif sur ce tracé vétuste à simple voie, les trains doivent rouler plus vite qu'aujourd'hui. L'Office fédéral des transports (OFT) a ainsi validé une augmentation de 15 km/h à la descente une ligne qui figure parmi les plus pentues du pays.
Le premier défi a donc été de trouver des trains capables de freiner efficacement en cas de feu rouge. Après des essais en situation réelle, en conditions extrêmes, il s'est avéré que deux types de locomotives seulement présentent des performances de freinage suffisantes.
Or les CFF n'ont pas assez de rames à disposition. Le canton a donc fait appel à aux compagnies BLS et TransN, qui assureront les liaisons aux côtés de rames CFF qui viendront du Tessin.
Horaire incertain selon la météo
Cette amélioration de l'offre pour les pendulaires rencontre un autre obstacle: l'horaire est tellement serré qu'il n'est garanti que par beau temps. En cas de brouillard, de pluie ou de feuilles mortes sur le rail, il pourrait ne pas être tenu comme l'ont confirmé à la RTS les entreprises de transport concernées et l'entreprise qui organise le réseau ferré.
Des mécaniciens de locomotive également contactés se montrent plutôt pessimistes. En cas de conditions difficiles, ils seront contraints de réduire la vitesse des trains pour garantir la sécurité et les correspondances à Neuchâtel seront perdues.
Un plan de secours prévu
Selon la compagnie BLS, un plan B est en discussion. On n'en connait pas encore la teneur, mais il serait mis en place s'il devait s'avérer que de trop nombreuses correspondances n'étaient pas assurées.
Dans l'immédiat, les planificateurs ont déjà anticipé les retards éventuels. Ils ont prévu des plages de rattrapage le matin et l'après-midi afin de remettre les trains à l'heure pour le reste de la journée.
Signe du pessimisme ambiant, les compagnies ferroviaires se sont déjà mises d'accord également sur une communication de crise avec le canton pour ne pas porter seules la responsabilité d'un échec.
Stéphane Deleury/oang
Le Conseil d'Etat "raisonnablement optimiste"
"Nous sommes raisonnablement optimistes pour que cet horaire 2016 soit tenu", a précisé le conseiller d'Etat neuchâtelois Laurent Favre dans l'émission Forum, même s'il reconnaît que cet horaire est "sportif".
"Nous n'avions pas le choix", rappelle-t-il, en raison des travaux en gare de Lausanne. "Si nous n'avions pas entrepris la mise en œuvre de cette cadence à la demi-heure, chaque voyageur en provenance de La Chaux-de-Fonds et en correspondance à Neuchâtel devait attendre obligatoirement une demi-heure".
Plus de personnel dans les trains BLS pour gagner des secondes
Les rames BLS qui assureront dès le 13 décembre la ligne Berne-Neuchâtel-La Chaux-de-Fonds seront occupées par deux conducteurs - un à chaque extrémité.
Le but est de gagner quelques secondes sur l’horaire très serré de la ligne en gare de Chambrelien, où le train doit rebrousser chemin.
C’est le canton de Neuchâtel qui paiera ce poste supplémentaire. Par ailleurs, les trains BLS seront désormais occupés par un agent de train chargé d’orienter les voyageurs en cas de retard.