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Le canton de Neuchâtel n'offre que trois lits pour les gens de passage

Si la plupart des villes et des cantons offrent des dizaines de places pour aider les plus nécessiteux, le canton de Neuchâtel ne propose que trois lits pour 180'000 habitants. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Neuchâtel ne met que trois lits à disposition des sans-abris / Le Journal du matin / 3 min. / le 22 octobre 2015
Alors que certains, à Lausanne notamment, alertent sur les centres d'accueil de nuit surchargés par la demande des gens de passage, Neuchâtel estime que son offre très limitée suffit face à la demande.

Avec ses trois lits d'accueil de nuit pour une population de plus de 175'000 personnes, le canton de Neuchâtel fait pâle figure à côté de ses voisins romands. Dans le canton de Vaud, la ville de Lausanne, forte de 140'000 habitants, compte à elle seule une centaine de lits disponibles pour les gens de passage, quelle que soit leur nationalité. La ville de Fribourg propose quant à elle une vingtaine de lits.

Neuchâtel serait "moins attractif"

Mais à Neuchâtel la masse critique n'est pas atteinte, affirme le chef du Service des institutions pour adultes et mineurs du canton. "La demande existe, mais elle reste en nombre vraiment insuffisante pour créer une structure", explique Jacques Laurent. Et ce n'est pas un problème avant tout financier, précise-t-il. "C'est un problème de besoin qui fait qu'on ne veut pas financer un tel équipement. Nous sommes moins attractifs peut-être qu'un centre comme Lausanne ou Genève."

Si les statistiques montrent effectivement une faible demande, la recherche d'une nuit au chaud ne concerne pas que les gens de passage. Elle concerne aussi les ressortissants neuchâtelois, qui ont droit à l'aide sociale et donc à un logement, mais qui peinent aussi à trouver un toit. Et même si plus de structures d'accueil sont offertes à ces personnes, cela ne suffit pas.

La débrouille pour pallier le manque de places

A La Chaux-de-Fonds, la maison de quartier de La Coquille est devenue, par la force des choses, centre d'hébergement. "Je pense qu'effectivement il y a une nécessité, surtout sur la période hivernale, souligne son directeur Lucas Schlaepfer. "C'est clair qu'à La Chaux-de-Fonds en hiver, dormir dans sa voiture ce n'est juste pas possible. Après, on a des gens qui viennent toute l'année, très souvent ce sont directement les institutions qui nous téléphonent pour placer quelqu'un, mais la visite spontanée de personnes qui ne savent pas où dormir, c'est hebdomadaire."

Un employé d'une association pour les sans-abris a confié à la RTS que les clandestins trouvaient parfois refuge dans les squats du canton.

L'hôtel comme solution alternative

Pour les autres, bénéficiaires de l'aide sociale, une situation de durée indéterminée a été mis en place. "Ce qui se passe aujourd'hui, c'est que dans les foyers d'hébergement d'urgence, les réponses sont souvent négatives et les délais trop importants", explique Philippe Berset du Drop-In de Neuchâtel. "On doit négocier ça avec l'action sociale pour trouver des solutions alternatives. Cela se traduit généralement par un placement dans un hôtel."

Une alternative peu rentable que le canton veut éviter en favorisant la prise en charge à domicile. Mais pour tous ceux qui sortent des statistiques, c'est-à-dire les personnes qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas être suivis par les services sociaux, rien n'est prévu. Les associations actives sur le terrain appellent aujourd'hui à de meilleures réponses en la matière.

Coraline Pauchard/oang

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