Si dans les années 1990, les pilules thaïes sévissaient, désormais la méthamphétamine apparaît sous une autre forme en Suisse: le crystal meth. Cette substance est hautement addictive et fait des ravages, notamment à Neuchâtel, canton où elle est le plus consommé.
Ce nouveau fléau inquiète particulièrement les autorités, car pour l’instant il n’existe aucun traitement de substitution à proposer aux personnes dépendantes - elles seraient 1 millier à Neuchâtel - et le taux de rechute est supérieur à 75%. "Le crystal meth est une bombe à retardement en terme de soins et de thérapies."
Confirmation par l'analyse des eaux usées
L'analyse des eaux usées a confirmé cette tendance à Neuchâtel. Les résidus par habitant sont aussi élevés à Zurich, à Lucerne et à Bâle. La consommation serait de 4100 doses par jour pour l'ensemble des 13 villes suisses étudiées par l'institut de police scientifique de l'UNIL. En ville de Neuchâtel, ce seraient 200 pilules qui sont écoulées par jour.
"Il y aura bientôt des laboratoires de crystal meth en Suisse"
La consommation de méthamphétamine affiche une légère hausse dans l'ensemble du pays. Cette augmentation s'expliquerait par l'extension du marché du crystal Meth, selon Addiction Suisse. Cette poudre cristalline (qui peut être pure jusqu'à 80%) se vendrait davantage par internet, ainsi qu'en République tchèque, via des organisations criminelles vietnamiennes.
Actuellement les trafiquants se fournissent en effet essentiellement en République tchèque, mais selon Olivier Guéniat, chef de la police judiciaire du canton de Neuchâtel interviewé dans Mise au Point, "c’est certain, il y aura bientôt des laboratoires de crystal meth en Suisse. Ca représente un marché gigantesque."
La consommation de crystal semble s'être greffée autour des consommateurs de pilules thaïes (qui contiennent jusqu'à 20% de méthamphétamine), dont la principale source de distribution sont les salons de massages asiatiques. Ceux-ci étaient nombreux à Neuchâtel jusqu'à l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la prostitution. La police de ce canton relève que la présence de crystal a augmenté dès 2010.
Consommation marginale, mais en hausse
Si elle est bien en augmentation, la consommation de crystal meth reste toutefois marginale en Suisse, probablement en raison de la durée de ses effets, du risque élevé d'addiction et de son prix. Le rapport d'Addiction Suisse relève qu’elle fait partie des substances peu consommées lors des sorties festives: 7,9% des sondés en ont consommé durant l'année, contre 49,3% pour la cocaïne, 50% pour l'amphétamine et 65,9% pour le MDMA. Il s'agit en majorité de jeunes hommes polyconsommateurs de drogues.
La consommation de ce produit a aussi été remarquée dans d'autres milieux, comme les adeptes de ChemSex, les supporters, ou encore les chauffeurs et les gardiens de sécurité.
bri/lgr
Pilules thaïes, crystal Meth et cie
La méthamphétamine est un stimulant synthétique, qui libère cinq fois plus de dopamine que la cocaïne. Elle provoque de l'énergie, de l'euphorie, ainsi qu'une perte du sommeil et de l'appétit. Les risques liées à la consommation "sont jugés relativement élevés, notamment en comparaison avec le MDMA (ecstasy)". En plus, il n'existe pas de substitut lors d'un traitement.
Le produit peut être ingéré, inhalé via la fumée, sniffé ou injecté (ce qui est plutôt rare en Suisse). Il est présent sous forme de pilules thaïes ou Yaba (comprimés roses comprenant 10 à 20% du produit) ou de crystal meth, Ice, ou Shabu (cristaux ou poudre cristalline comprenant 70 à 80% du produit).