La grogne née de la réorganisation de l'Hôpital neuchâtelois (HNE) n'en finit pas. Cette réforme visait à réunir les soins aigus sur un seul site, à Neuchâtel, et à construire un nouveau centre de réadaptation à La Chaux-de-Fonds.
Les urgences et les soins intensifs sont ainsi concentrés dans le Bas du canton alors que les blocs opératoires sont fermés le week-end dans le Haut depuis avril 2015. Toutefois, selon certains médecins et des employés, cette situation génère des risques sanitaires. Une situation inquiétante, alors que la fermeture des blocs va normalement être étendue aux nuits en semaine dès le 1er juillet au plus tôt.
"Inadéquat", selon un audit
Concrètement, avec la réorganisation, le médecin anesthésiste a été supprimé à La Chaux-de-Fonds durant les week-ends et il ne reste sur place qu'une seule infirmière anesthésiste avec un possible recours à des médecins d'autres services. Certains ont évoqué une perte de sécurité pour le patient. Les infirmiers anesthésistes se sont eux sentis désécurisés et ont saisi un avocat.
A l'automne passé, l'hôpital a ordonné un audit sur la question, que la RTS s'est procurée. Selon cette prise de position, la décision de "faire intervenir l'infirmier anesthésiste, pour des actes spécialisés, sous la responsabilité d'un médecin autre qu'un médecin anesthésiste, est inadéquate".
Sur recommandation de cet audit, l'hôpital a mis en place un binôme dit "virtuel". Un médecin anesthésiste de Neuchâtel est désormais joignable par téléphone en cas de besoin et un service de garde est mis en place.
Des "épouvantails que l'on agite"
Toutefois, selon un employé de l'hôpital s'exprimant sous couvert d'anonymat, ce n'est pas suffisant: "Il y a eu plusieurs situations où on s’est posé énormément de questions de savoir si on aurait pas pu sauver certaines personnes dans la situation qui prévalait auparavant."
En transférant des patients qui sont déjà dans des situations critiques, on augmente beaucoup le risque pour eux
Pour Bernard Vermeulen, directeur du département médical à Hôpital neuchâtelois interrogé par la RTS, "c'est un peu des épouvantails que l'on agite parce qu'on fait fi dans toute cette discussion de la présence d'un autre médecin, de la présence de l'infirmière anesthésiste et du contact téléphonique qui peut avoir lieu". Et il ajoute qu'un médecin peut rapidement monter en urgence depuis Neuchâtel si nécessaire.
Des transferts délicats
Par ailleurs, avec la fermeture des blocs à La Chaux-de-Fonds, les patients sont désormais transférés vers les blocs de Pourtalès à Neuchâtel durant les week-ends. Toujours selon le même employé, cela crée une situation "chaotique": "En transférant des patients qui sont déjà dans des situations critiques, on augmente beaucoup le risque pour eux."
Bernard Vermeulen rétorque qu'on ne peut parler de risques sanitaires: "Oui, des patients qui ont été transférés sont décédés, mais je crois que même s'ils étaient restés en haut, ils seraient décédés."
>> Développement dans le 19h30 de RTS Un
Julien Guillaume/boi