Le procès de l'ancien patron de Xamax Bulat Chagaev suspendu

Alors que Bulat Chagaev était présent mardi matin à l'ouverture de son procès, son bras droit Islam Satujev - aussi prévenu dans cette affaire - ne l'était pas. Ce qui a poussé le président du tribunal à reporter le procès au 21 septembre. L'ancien dirigeant de Xamax a assuré qu'il serait présent.

Le tribunal a toutefois profité de la présence de Bulat Chagaev pour continuer à le questionner. Arrogant et sûr de son bon droit, le Tchétchène - qui a dit être domicilié à Moscou et continuer à mener ses activités d'homme d'affaires - a fait preuve d'un certain aplomb et d'une verve caustique, face à la Cour, a observé la RTS sur place.

Plusieurs chefs d'accusation

Neuchâtel revit l’histoire d’un traumatisme qui a laissé de profondes plaies dans le canton: celui de la descente aux enfers du club de foot de Xamax, entre mai 2011 et janvier 2012. Le Tchétchène, tout comme son bras droit, doivent répondre de gestion déloyale et fautive, de tentative d’escroquerie et de faux dans les titres.

>> Les précisions sur cette affaire :

Keystone - Sandro Campardo

Du sauvetage à la débâcle

La chronique de ce naufrage, qui a laissé une perte sèche de 20 millions de francs, débute en mai 2011 lorsque Bulat Chagaev rachète pour 1,2 million d’euros la majorité des actions au président sortant, l’entrepreneur Sylvio Bernasconi. Le mystérieux homme d'affaires tchétchène fait rêver les supporters, promet des salaires de stars aux joueurs, et voit déjà Xamax fouler les pelouses européennes.

Fort de son glorieux passé sous la houlette du président Gilbert Facchinetti, le club a des ambitions et semble avoir trouvé l'homme qui lui faut. Sauf que, très vite, les choses se gâtent: le sauveur, qui promet un budget à hauteur de 30 millions de francs, est un colérique, qui brutalise les joueurs, licencie à tour de bras et qui, surtout, agite des écrans de fumée financiers.

Acculé financièrement, Bulat Chagaev laisse croire, pour échapper à une première faillite en novembre 2011, qu'il dispose d'une fortune de 35 millions de dollars et produit une fausse attestation de la Bank of America. Le 26 janvier 2012, il doit déposer le bilan, interpellé à Genève par le procureur Yves Bertossa, qui le poursuit pour gestion déloyale et blanchiment d'argent.

Quatre mois de prison

Le Tchétchène passe près de quatre mois en prison à La Chaux-de-Fonds. Il est libéré le 25 mai en produisant une cédule hypothécaire sur sa villa de Saint-Sulpice, dans le canton de Vaud, qui sera ensuite vendue. Depuis, il a quitté la Suisse et on ignore dans quel pays il s'est réfugié.

Le bras droit de Bulat Chagaev, Islam Satujev, quant à lui, a disparu depuis les faits.

>> L'interview de Dimitri Iafaev, avocat de Bulat Chagaev :

Keystone - Jean-Christophe Bott

Roger Guignard/dk