Permettre aux communautés juives, musulmanes ou évangéliques d'être reconnues au même titre que les catholiques et les protestants? Le projet de loi du Conseil d'Etat neuchâtelois a été débattu par le Grand Conseil mardi sans être tranché pour cause de renvoi en commission. Il définit les critères et la procédure pour obtenir une reconnaissance de l'Etat.
Ses avantages ne sont pas uniquement symboliques. La reconnaissance officielle donne la possibilité aux communautés d'obtenir une exonération fiscale, la perception d'un impôt ecclésiastique et un service d'aumônerie dans les écoles, les hôpitaux et les prisons.
Mais elle implique aussi des devoirs: être organisé en association à but non lucratif, respecter les droits suisse et international, dévoiler ses comptes et l'origine de ses financements à l'Etat.
Evangéliques et musulmans intéressés
"On est prêt à ouvrir nos portes pour la vérification des comptes", a déclaré mardi au 19h30 de la RTS Jemal Cherif, porte-parole de l'Union neuchâteloise des organisations musulmanes, intéressée par une reconnaissance.
Les évangéliques, qui représentent 3% de la population du canton, y aspirent également. "Nous aurions envie de participer à la vie sociale, à la vie en général du canton", explique Olivier Favre, porte-parole de la Fédération évangélique neuchâteloise.
Soumis à référendum
Outre Neuchâtel, le canton de Vaud propose déjà une marche à suivre en vue d'une reconnaissance. Celle-ci peut toutefois être remise en cause par un référendum.
Malgré une initiative de l'UDC contre leur reconnaissance, les musulmans vaudois soumettront leur candidature pour la fin de l'année. Par ailleurs, les anglicans et les évangéliques ont déjà déposé un dossier de candidature.
Dans le reste de la Suisse romande, seul Genève sépare de manière stricte Eglise et Etat et ne permet pas de reconnaissance officielle des communautés religieuses. Les autres cantons le prévoient dans leur loi ou leur Constitution, mais n'ont pas défini de procédure.
Elodie Botteron/vtom
Diversification et laïcisation des Suisses
Ces évolutions législatives suivent les évolutions religieuses de la population. La population suisse n'est plus divisée en deux appartenances, l'église catholique et l'église protestante.
"Depuis les 50 dernières années, on constate une diversification des appartenances religieuses, ainsi qu'une laïcisation", explique Pascal Mahon, professeur de droit constitutionnel suisse et comparé à l'Université de Neuchâtel.
Alors qu'ils ne représentaient que 1,2% de la population en 1970, les "sans confession" regroupent aujourd'hui près du quart des Suisses. A l'inverse, la part de protestant a fondu de moitié, passant d'environ 48,8% en 1970 à 24,9% en 2015.