Le vote, qui a eu lieu vers 1h du matin, nécessitait une majorité qualifiée des trois cinquièmes, soit 69 sur 115. Or il n'a obtenu que 63 voix, contre 48 oppositions (PLR et UDC) et 4 abstentions.
D'ultimes négociations sur les amendements avaient eu lieu lors d'une interruption de séance en fin d'après-midi. Un compromis se dessinait, qui aurait permis d'améliorer de 10 millions le budget issu des travaux de la commission, soit 39 millions au lieu de 49. Mais les chefs de groupe n'ont pas pu convaincre leurs troupes.
Efforts insuffisants
En dépit des concessions de la gauche, le PLR a jugé les efforts d'économies insuffisants. De plus, certaines améliorations prévues sur les recettes sont risquées, a déclaré le député Olivier Lebeau. Et d'ajouter que ce renoncement à un budget est une marque de "confiance" envers le gouvernement qui devra "prendre des décisions courageuses et juger ce qui est indispensable ou non".
En vain, Baptiste Hurni (PS) a mis en garde contre les risques de ne pas avoir de budget. "Ce n'est pas en montrant une incapacité à travailler ensemble que nous marquerons des points auprès de la Berne fédérale", a-t-il notamment plaidé, en référence aux attentes neuchâteloises en matière de financements d'infrastructures.
Un "oubli de ses responsabilités"
Juste avant le vote final, le conseiller d'Etat Laurent Kurth a déploré cette "envie morbide" de la droite de voir ce qui se passe si le canton n'a pas de budget. C'est oublier les responsabilités à tenir envers 180'000 habitants. L'absence de budget fait entrer le canton "en terre inconnue", a-t-il poursuivi. Aux difficultés financières s'ajoute désormais "une crise institutionnelle sans précédent".
"Chaos, perte d'énergie, de temps et de ressources financières", a de son côté tonné le président du gouvernement Laurent Favre.
ats/boi
Le strict nécessaire
L'Etat sera sans budget pour l'année entière, à moins qu'un nouveau projet vienne sur la table début 2018. Le Conseil d'Etat se verrait alors dans l'impossibilité d'investir et il devrait se limiter à des dépenses absolument nécessaires.
Laurent Kurth a indiqué qu’en l’absence d’un budget, le Grand Conseil a l'obligation de voter un décret de hausse d’impôt. Mais après discussion avec le Bureau du Grand Conseil, un avis de droit sera demandé à l’extérieur du canton pour clarifier la situation.