Directeur de la compagnie Taxicab à Neuchâtel, Patrick Favre le reconnaît: il lui est difficile de payer ses employés au salaire minimum. "Pour l'appliquer, il faut des chiffres d'affaires supérieurs à ceux qu'on fait", déplore-t-il.
Afin de respecter au mieux cette nouvelle obligation légale, ce patron n'a eu d'autres choix que de se séparer de certains collaborateurs. "Il y a des licenciements qui ont été effectués dès le mois d’août. Avec pour conséquence une simple baisse du chiffre d’affaires, puisqu'il dépend du nombre de personnes qui travaillent."
Implication des autorités
Pris à la gorge, Patrick Favre a rencontré les autorités cantonales et communales en janvier dernier. Dans une réponse écrite que la RTS s'est procurée, ces dernières indiquent "être prêtes à envisager un soutien actif à la réorganisation qui pourrait notamment impliquer des modifications des bases légales encadrant l'activité des taxis dans le canton".
En clair, il s'agit d'améliorer les conditions-cadres de la branche, pour permettre aux compagnies de taxi de verser le salaire minimum. Pour l'heure, le Conseil d'Etat ne souhaite pas donner plus de détails sur ce dossier en cours.
Intensification des contrôles
Sept mois après son introduction, le salaire minimum n'est de loin pas appliqué dans toutes les branches, alors qu'environ 2700 personnes sont censées en profiter, dont deux tiers de femmes.
Le syndicat Unia a notamment mis en place une permanence téléphonique destinée aux travailleurs concernés. "Pour les personnes qui ne touchent pas encore ce salaire, il est souvent difficile d'aller vers le patron en disant, 'écoutez, il faut adapter mon salaire', parce qu'elles craignent de perdre leur travail", explique Catherine Laubscher, secrétaire régionale d'Unia.
Temps d'adaptation
Opposés à l'introduction de ce salaire, les hôteliers-restaurateurs avaient recouru au Tribunal fédéral en 2014. La branche semble s'être plutôt bien accoutumée, comme l'indique Philippe Bauer, avocat-conseil de GastroNeuchâtel: "Pour moi, la grosse question portait sur le principe de ce salaire minimum. Aujourd'hui, dans la restauration, j'ai le sentiment (...) que les choses ne se passent pas trop mal."
Contacté, le Service de l'emploi rappelle être "encore dans une phase d'information et de sensibilisation auprès des entreprises". Il précise toutefois que les contrôles "iront en s'intensifiant tout au long de l'année 2018".
Julien Guillaume/kg