Le débat sur le trafic de drogue dans les rues de la capitale vaudoise a été relancé la semaine dernière par le réalisateur Fernand Melgar. Dans une tribune publiée dans 24 heures, il dénonce le laxisme de la municipalité face à ce phénomène.
Dimanche, dans l'émission Forum, le réalisateur s'est également insurgé contre les dealers. "Je leur demande de ne pas vendre de la drogue à mes enfants. Je soutiens l'asile et je défends les personnes qui viennent et qui sont persécutées. Or ces personnes pervertissent le système de l'asile", a-t-il affirmé.
Confronté à la même problématique, le canton de Neuchâtel a mis en place des mesures de répression qui, visiblement, ont porté leurs fruits. "Nous avons endigué la visibilité de ce deal de rue et, en particulier, la proactivité des dealers qui étaient devenus vraiment dérangeants. Ils commençaient par exemple à aborder des non-consommateurs à la sortie des restaurants", explique Nicolas Feuz mardi dans La Matinale.
Libérer des cellules
Questionné sur l'applicabilité de ces mesures à Lausanne, le procureur neuchâtelois se veut pragmatique. "Je ne sais pas si ce que nous avons fait à Neuchâtel est applicable à des villes comme Lausanne ou Genève. Cela pose des problèmes d'effectifs".
Il poursuit: "On a commencé par le groupe Narko, mais le Ministère public a dû suivre. Il y a dû avoir une décision du procureur général qui a avalisé ce groupe et donné des directives à ses procureurs. On avait par exemple des directives pour punir les dealers avec des peines privatives de liberté et non des jours-amendes ou du travail d'intérêt général. Il a aussi fallu qu'on intervienne auprès du service pénitentiaire pour lui demander de libérer des cellules."
Eliminer le trafic, une cause perdue
Après 20 ans d'activité dans le milieu de la répression des stupéfiants, Nicolas Feuz reste réaliste quant à l'élimination totale du deal de rue. "Tant qu'il y aura des consommateurs, il y aura du deal, d'une manière ou d'une autre", dit-il.
"Celui qui débuterait comme policier ou comme procureur avec l'objectif d'éradiquer le trafic de stupéfiants finira en hôpital psychiatrique au bout de six mois pour burn-out."
Propos recueillis par Romaine Morard