Gonflé par l'expérience genevoise, pionnière en la matière, le POP présentera d'abord un projet de loi devant le Grand Conseil pour garantir la formation des jeunes jusqu'à 18 ans. Mais la santé financière du canton risque de refroidir les autres partis et la formation de gauche pourrait envisager la solution de l'initiative, pour ancrer cette obligation dans la Constitution. Cela nécessiterait la récolte de 6000 paraphes minimum.
L'enjeu est de taille selon les popistes. Depuis plusieurs années, le Conseil d'Etat neuchâtelois prône une politique de formation en entreprises et profite pour fermer des classes onéreuses qui proposent un cursus en école.
20% des jeunes concernés
"On voit qu'il y a plusieurs élèves qui ne trouvent rien, qui ne correspondent pas aux attentes des employeurs", relève la députée et vice-présidente du POP neuchâtelois Sarah Blum. "On sait que les employeurs, notamment dans le privé, engagent très difficilement avant 18 ans. Donc il faut se préoccuper de ces élèves-là, parce qu'on sait qu'un élève qui n'a pas de formation sera beaucoup plus enclin à se retrouver tributaire de l'aide sociale à un moment ou un autre de sa vie."
Les personnes dépourvues de certificat post-obligatoire sont considérées comme groupe à risque. Et selon l'Office fédéral de la statistique (OFS), près de 20% des jeunes de 25 ans étaient concernés dans les districts neuchâtelois du Locle et de La Chaux-de-Fonds en 2015.
"Il y a de toute façon, dans ce chiffre, des élèves qui n'ont pas l'opportunité de se former", note Sarah Blum. "Là, par exemple, on va laisser une classe de maturité commerciale à La Chaux-de-Fonds et quatre dans le district de Neuchâtel. Pourquoi une telle différence entre le haut et le bas? Dans l'idéal, il faut ouvrir des classes partout, mais en tout cas pas en fermer plus à La Chaux-de-Fonds ou au Locle."
Les autres partis sceptiques
Reste que si elle était lancée, l'initiative du POP ne récolterait pas beaucoup de soutiens politiques, selon un sondage mené par la RTS auprès des autres partis neuchâtelois. Du côté de l'UDC et du PLR, on soutient la politique du Conseil d'Etat, qui mise sur l'encouragement de la formation duale. Du côté du PS, la présidente Florence Nater se montre elle aussi sceptique, même si elle précide qu'aucune position officielle n'a été prise.
Coraline Pauchard