Le quotidien Arcinfo citait lundi le cas de la commune neuchâteloise de Val-de-Ruz, qui compte quinze villages et 17'000 habitants, et qui pourrait éteindre son éclairage public la nuit d'ici à fin 2019. Après une phase de test de six mois à Fontaines, le Conseil général devra trancher le 5 novembre prochain.
L'entrepreneur Frank Vidal, qui préside l'association l'Ampère pour la modération de l'éclairage public, est en grande partie derrière le projet neuchâtelois. "On est déjà dans le bon sens. Aujourd'hui, on se rend compte que l'éclairage public, c'est du confort", estime-t-il mardi dans l'émission Forum. "On l'a vu dans les archives, il y a eu une époque où La Chaux-de-Fonds calquait les jours d'éclairage sur la Lune. Aujourd'hui, on est dans le luxe de l'éclairage à forte dose", poursuit-il.
Aujourd'hui, on est dans le luxe de l'éclairage à forte dose.
Selon Frank Vidal, la remise en cause de l'éclairage public a commencé avec la volonté de certaines communes, notamment en France, de faire des économies. Il évoque aussi les problèmes environnementaux engendrés: "A Zurich, avec 5000 lampadaires, on a 800'000 insectes pollinisateurs par nuit qui disparaissent".
"Usages de la ville"
Mais jusqu'où peut-on aller dans le renoncement aux éclairages? "Je crains que l'on ne puisse pas s'en passer", répond Jean-Yves Pidoux, directeur des Services industriels de Lausanne. A ses yeux, "les usages citadins, les villes qui ont un centre animé, font que la nuit se doit d'être éclairée".
Le festif, l'événementiel, le patrimonial... l'ensemble de ces usages de la lumière la nuit font la ville.
Il reconnaît toutefois qu'"il faut minimiser les coûts de cette énergie et l'ensemble des éléments lumineux qui sont superflus". Il évoque par exemple le "plan lumières" en vigueur à Lausanne, "basé sur les usages de la ville" en matière de sécurité et de mobilité, notamment. "Le festif, l'événementiel, le patrimonial... l'ensemble de ces usages de la lumière la nuit font la ville", insiste-t-il.
Sécurité des passages piétons
Mais c'est surtout la question de la sécurité des passages piétons qui divise dans le débat sur l'éclairage public. Les deux variantes du projet soumis au Conseil général de Val-de-Ruz proposent d'ailleurs que les passages piétons restent éclairés.
"On est confrontés à une norme qui a été créée par des ingénieurs spécialistes de l'éclairage public. Mais il n'y a aucune base légale: les communes sont protégées par un article du code de la route, qui dit simplement que le conducteur est sensé être maître de son véhicule, et adapter sa vitesse à l'éclairage", souligne Frank Vidal.
Propos recueillis par Marie Giovanola et Renaud Malik/jvia