Entre la location et la propriété, les coopératives obtiennent un nouveau coup de pouce du canton de Neuchâtel. C'est le reflet d'un changement de politique, comme l'explique la députée Verte Veronika Pantillon: "Avant on subventionnait les personnes qui n'arrivaient plus à payer leur loyer, ce qui posait le problème que ces subventions enrichissaient des propriétaires immobiliers, des caisses de pension ou d'autres personnes qui possédaient un logement de rendement."
Avec le nouveau coup de pouce, c'est "l'aide à la pierre qui est préconisée. Ces logements restent, c'est ça l'avantage. Ils ont aussi un effet stabilisateur sur tout le marché du logement."
Le crédit de 18 millions de francs sur 8 ans est plébiscité. De la gauche à la droite, en passant par les milieux proches de l'immobilier, le financement est approuvé à l'unanimité. "C'est un très beau projet de loi", souligne le député PLR Andreas Jurt. "Ces 18 millions, ne l'oublions pas, ont un effet multiplicateur. Ça représente 60 millions, donc c'est intéressant pour les investisseurs ici et maintenant."
Stabilisateur pour le marché
Stabilisateur, puisque les loyers des coopératives sont stables et 15 à 20% plus bas que les loyers traditionnels. Mais l'économie n'intervient pas immédiatement, c'est sur la durée que ces logements sont moins chers. "Au début, on a les coûts de construction qui sont élevés et progressivement, au bout de 10 ans, 15 ans, puisque c'est du logement à prix coûtant et que l'immeuble n'est pas vendu, que les loyers n'augmentent pas à chaque changement de locataire, le loyer reste stable", détaille Yves Froidevaux.
Son projet "La coopérative d'en face" à Neuchâtel se terminera d'ici 6 mois, 21 appartements, pour un coût de 9,7 millions de francs, dont 25% d'aides de la commune, du canton et de la faîtière des coopératives suisses.
"Sans les soutiens institutionnels, on ne se lancerait pas dans un tel projet", détaille Yves Froidevaux. Ces aides ont pris la forme de prêt à 20 ou 25 ans, avec un taux flexible qui est actuellement à 1%, en dessous du prix du marché. Résultat, les fonds propres des coopérateurs représentent 4% du financement total. Dans un rapport vaudois d'octobre 2016, on lit: "80 % des coopératives demandent moins de 2000 fr. par pièce pour accéder à la coopérative et près de la moitié d'entre elles n'exigent aucun fonds propres".
Anecdotique en Suisse romande
En Suisse romande, le phénomène reste anecdotique, mais en ville de Zurich où 1 logement sur 5 est une coopérative, l'effet est marqué pour l'ex-directrice du Wohnforum de l'EPFZ, Margrit Hugentobler: "Ça a de très fortes conséquences, parce que ça tire le loyer moyen un peu vers le bas en ville de Zurich. Ces coopératives permettent aussi à une plus grande diversité de personnes d'habiter en ville et de trouver un appartement abordable."
Entre la location et la propriété, cette troisième voie séduit. Mais à chaque canton à son rythme, à Neuchâtel, on vise 5% de logements d'utilité publique, à Zurich 33%.
Julien Chiffelle/ebz