La troisième correction du Rhône (R3) prévoit l'abaissement du fond du fleuve et l'élargissement de son lit sur certains tronçons, un chantier pharaonique pour se protéger des dégâts des crues. Problème: les risques liés aux sites contaminés en bordure sont sous-estimés. On se rend mieux compte du passé industriel du Valais, grâce à des rapports obtenus récemment avec Le Nouvelliste, Le Temps et le Walliser Bote.
Sous l'herbe et les buissons se trouvent des détritus ménagers mais aussi des déchets issus de l'industrie chimique de Monthey. Leur volume est impressionnant: 250'000 m3. Pour certains, impossible d'ignorer le problème environnemental.
Nettoyer la décharge des Mangettes
L'association écologiste Chablair souhaiterait voir rapidement l'assainissement de la décharge des Mangettes, polluée au mercure, entre autres. Pour le cadastre, c'est aussi une nécessité.
Mais pour l'heure, cette option n'est pas retenue dans le cadre de la R3. "A cet emplacement, nous souhaitons élargir le fleuve sur sa rive droite et isoler la décharge située sur la rive gauche grâce à la digue que nous renforcerons et rendrons étanche en cas de besoin", explique Tony Arborino, chef du projet.
1300 sites pollués
"Cette mesure est clairement insatisfaisante, réagit Carole Morisod, présidente de Chablair. Nous craignons qu'à terme, la pollution ne pénètre dans la nappe phréatique." Le problème est d’envergure, puisque le Valais dénombre 1300 sites contaminés, et ceux qui bordent le Rhône sont nombreux.
Joël Degoumois, chef de la section valaisanne des sites pollués, rappelle que de nombreux piézomètres sont en place: ils assurent un monitoring de la nappe phréatique. Tant que celle-ci n’est pas menacée, il n’y aurait pas de mesures urgentes à prendre.
340 millions de francs sont budgétisés pour le nettoyage des sites pollués dans l’emprise du Rhône. La Confédération se demande aujourd’hui si les coûts du projet n’ont pas été sous-évalués.
Flore Dussey/ani