L'enfance de Léa* n'a rien d'une période joyeuse et insouciante. Abusée à répétition par des membres de sa famille, cette jeune femme de 24 ans cache l'horreur au fond d'elle, jusqu'au jour où, à la fin de son adolescence, les souvenirs la rattrapent.
"C'était des flash back, ils prenaient de plus en plus de place. Je n'arrivais plus à dormir, je faisais des cauchemars (...) parfois, je ne dormais plus pendant 48 heures, les images tournaient sans cesse dans ma tête (....) j'avais des problèmes au travail car je n'arrivais plus à être concentrée."
Des auteurs qui viennent souvent de l'entourage
Pour Sophie Pasquier, psychologue et responsable de clinique au sein de l'association ESPAS en Valais, le drame est encore plus grand lorsqu'on sait que la plupart des auteurs de ces crimes sexuels proviennent du cercle familial: "En général, les auteurs viennent de l'entourage, des gens de confiance, du coup le fait d'ouvrir ce genre de secret, au niveau de la culpabilité et de la honte, c'est compliqué", explique la spécialiste.
Chaque semaine, ESPAS met en place un groupe de parole qui permet aux victimes de déposer leurs souffrances et de partager leur vécu, afin de trouver ensemble les moyens de supporter le quoditien.
Des thérapies par le jeu pour les plus jeunes
Parmi les victimes, de nombreux enfants en bas âge, issus de toutes les couches de la population. Pour eux, la thérapie passe souvent par le jeu, qui permet d'exprimer et de décharger le stress traumatique.
Si l'abus est dévoilé rapidement, en quelques séances, l'enfant peut retrouver une "vie normale". Encore faut-il déceler les indices de violences sexuelles.
"Les premiers signes qui peuvent alerter, c'est une agitation particulière, des enfants qui posent problème, qui sont en colère et qui semblent globalement aller moins bien (...) Là où c'est plus difficile à déceler, c'est avec l'enfant suradapté, parfait en tout, qui a enlevé la prise pour ne plus sentir l'horreur qu'il est en train de vivre", note Christine Prontera, psychothérapeute pour l'association.
"Il ne faut pas avoir honte"
Pour Léa*, la reconstruction sera encore longue mais des premiers signes d'amélioration sont là: "Depuis quatre ans, les thérapies m'ont permis de déstresser un peu. Ça aide à mieux supporter le quotidien", explique la jeune femme, tout en ajoutant que "si une personne a vécu ça" elle ne doit pas "avoir honte" et "oser parler à quelqu'un".
Léa a désormais entamé des démarches judiciaires à l'encontre de ses abuseurs. Pour rappel, en Suisse, un adulte risque jusqu'à cinq ans de peine privative de liberté pour abus sexuel sur mineur.
Nadia Esposito/ther