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Le Parlement valaisan réglemente le suicide assisté en EMS

EMS VS- Droit au suicide assisté, le Grand conseil a tranché
EMS VS/ Droit au suicide assisté, le Grand conseil a tranché / 19h30 / 2 min. / le 9 mai 2019
Le Grand Conseil valaisan a réglementé jeudi le suicide assisté en EMS dans le cadre de la révision totale de la loi cantonale sur la santé. Les débats ont été nourris et les avis très partagés. Une deuxième lecture est prévue.

Le Grand Conseil valaisan a planché durant près de quatre heures sur la révision totale de la loi sur la santé. Elle a examiné pas moins de 135 propositions d'amendements et a, au final, accepté la mouture en première lecture par 69 voix contre 20 et un grand nombre d'abstentions (32).

Au coeur des débats figurait le délicat sujet du suicide assisté dans les établissements médico-sociaux (EMS). "Nous ne débattons pas pour ou contre le suicide assisté, mais pour garantir une égalité de traitement et la liberté individuelle", a répété plusieurs fois Julien Dubuis, président de la commission de la santé du Grand Conseil.

Actuellement, l'assistance au suicide n'est pas possible dans tous les EMS du canton. Les directions et les conseils de fondation des institutions sont libres de l'accepter ou non.

>> Ecouter: "Les médecins valaisans pourront se récuser lorsqu'un patient souhaite faire appel à EXIT" :

Mgr Jean-Marie Lovey, évêque du diocèse de Sion,s'est positionné contre le suicide assisté. [Keystone - Gaëtan Bally]Keystone - Gaëtan Bally
Les médecins valaisans pourront se récuser lorsqu'un patient souhaite faire appel à EXIT / Forum / 2 min. / le 9 mai 2019

Clivage géographique

Comme lors de l'entrée en matière, les débats ont montré un clivage politique mais aussi géographique: l'UDC et les députés haut-valaisans ont défendu la position du Conseil d'Etat, soit le maintien de la situation actuelle. La plupart des représentants du Valais romand ont suivi les positions de la commission de la santé.

Le député UDC Michael Graber a estimé que le rôle de l'Etat n'est pas de réglementer "une décision personnelle et intime". Chantal Voeffray Barras (PDC) a dit redouter "une banalisation de l'aide au suicide et un effet boule de neige au cas où elle serait instituée".

"On ne peut pas redouter les dérives et éviter toute réglementation", a répliqué Sylvie Masserey Anselin (PLR). Selon l'écologiste Céline Dessimoz, "il n'est pas équitable d'accepter que des personnes aient recours à l'aide au suicide chez elles mais la refuser à ceux dont l'EMS est devenu le seul domicile".

Stricts garde-fous

A l'avenir, tous les EMS devraient être traités sur un pied d'égalité. La loi valaisanne sur la santé prévoit de stricts garde-fous pour avoir droit à l'assistance au suicide. La personne doit souffrir d'une maladie ou de séquelles d'un accident graves et incurables, son retour à son domicile doit être jugé impossible et elle doit aussi clairement expliciter son choix de bénéficier d'un suicide assisté.

Dans diverses prises de position, la Conférence des évêques suisses, l'évêché de Sion et l'association des soins palliatifs en Valais se sont prononcés pour le statu quo. Une deuxième commission se penchera sur la révision totale de la loi sur la santé qui sera ensuite soumise au Grand Conseil pour une seconde lecture. Son entrée en vigueur est prévue en 2020.

ats/sjaq

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