Après quatorze ans de documentation, il est là, le premier "dichyonire du patué dë Banye". Avec ses quelque 15'000 mots et 12'000 pages, il témoigne de l'importance d'une langue que parlaient encore plus de 650 habitants de la vallée il y a trente ans.
Le dialecte figure parmi les mieux documentés de Suisse romande et a donc intéressé l'Université de Neuchâtel. "On peut apprendre que n'importe quel patois est une langue extraordinairement riche, bien structurée et complète", explique dans le 12h30 Raphaël Maître, concepteur scientifique de l'ouvrage. "On apprend aussi tous les liens qui existent entre le patois de Bagnes parlé il y a cent ans et les noms de lieux, de famille et les mots de français régional ou local qu'on connaît encore."
Intérêt croissant pour le patois
Les scientifiques ont travaillé à l'aide de 50'000 fiches existantes, rédigées entre 1900 et 1910, ce qui correspond à une douzaine de milliers de mots. Ils se sont aussi entretenus avec des locaux du val, souvent âgés. Mais aujourd'hui, l'usage du patois de Bagnes est devenu quasi confidentiel.
Raphaël Maître voit ainsi deux fonctions au dictionnaire. "On rend les racines du patois accessibles", indique-t-il. "L'autre utilité, c'est celle des patoisants d'aujourd'hui qui veulent transmettre leur langue aux générations futures. Il y a un intérêt grandissant à mesure que le patois disparaît car il est une composante extraordinaire de l'identité et du patrimoine."
Julie Rausis/ani