Evionnaz et son site chimique est l'un des 65 sites pollués liés au passé industriel valaisan. En 2016, le canton en a ordonné l'assainissement. La nappe phréatique est en effet souillée par des solvants et le canal de la Balmaz, qui servait à évacuer les eaux usées industrielles, contient des métaux lourds, parmi lesquels de l’antimoine, toxique et potentiellement cancérigène.
Cette situation interpelle quatre élus PDC, dont le médecin Laurent Rey. "Mon inquiétude est que les travaux d'assainissement se font lentement, et que l’on puisse avoir un impact sur la santé des citoyens. Le Département concerné se veut rassurant en disant que cette nappe phréatique n’est pas utilisée pour la consommation personnelle des gens, dans les ménages. Mais on sait que la nappe phréatique, surtout en période de sécheresse, peut être utilisée par l'agriculture et du coup le métal lourd pourrait se retrouver hypothétiquement dans la chaîne alimentaire plus tard", explique-t-il.
Pas d'impact sur l'eau du robinet
Des craintes injustifiées, de l'avis des autorités. Proche de l’usine, il existe bien un captage utilisé pour approvisionner la population d’Evionnaz. Mais ce puits est situé en amont de l’activité industrielle et il n'y a pas d'impact sur la qualité de l'eau du robinet. Des contrôles mensuels, supervisés par le canton, sont effectués par la commune, explique son président, Gilbert Jacquemoud.
Quant au chef de la Section cantonale des sites pollués, Yves Degoumois, il estime que ces pollutions n’ont pas non plus d’impact sur l’agriculture. "L’agriculture est présente principalement en amont de la zone industrielle d’Evionnaz, et en amont, la nappe phréatique n’est pas impactée. L’agriculture qui est encore présente, ici et là, en aval, n'utilise pas, à notre connaissance, les eaux souterraines", précise-t-il.
Zone assainie d'ici 2027
Il n'y a pas d'urgence en termes de santé publique, selon le canton. Il faudra ainsi attendre 2027 pour que toute la zone soit assainie. Concernant le canal, une instruction est en cours pour déterminer qui paiera. Une des entreprises à l’origine de ces pollutions ayant fait faillite, les collectivités publiques pourraient passer à la caisse. Coût des opérations: environ un million de francs.
Julie Rausis
Assez de personnel au Service de l'environnement?
Le gouvernement valaisan devra aussi répondre à des questions plus politiques en lien avec cette interpellation déposée en mars dernier. Les quatre députés PDC s’inquiètent en effet de savoir si le Service valaisan de l’environnement, chargé de surveiller les émissions rejetées par les sites chimiques, est suffisamment doté en personnel pour mener à bien sa mission. Une question qui résonne avec l’actualité et la démission de Joël Rossier, l’ex-chef de ce service.
Plusieurs groupes politiques ont déjà annoncé leur intention d’intervenir lors de la session parlementaire de septembre en lien avec la polémique entourant le départ du fonctionnaire et de possibles dysfonctionnements au sein du Département de la mobilité, du territoire et de l'environnement. L’UDC du Valais romand pourrait demander la création d’une commission d’enquête parlementaire.