La RTS, en collaboration avec d'autres médias, a participé à une médiation afin d'obtenir ce rapport de 512 pages produit par Joël Rossier à l'intention du Conseil d'Etat valaisan, après sa démission, cet été, et en marge de la libération de son obligation de travailler.
>> Lire : La démission d'un chef de service fait des vagues en Valais
Ce rapport contient de la correspondance, des échanges de mails, de SMS, des rapports techniques. Toutes ces pièces, réunies par Joël Rossier durant ses 3 ans à la tête du Service de l'environnement, montrent, selon ses mots, qu'il "n'était pas en mesure d'appliquer correctement le droit environnemental en Valais".
Pour le conseiller d'Etat valaisan Jacques Melly, il s'agit d'"accusations" qui "ont sali l'image du Valais".
De la benzidine dans le Rhône
Dans ce rapport, il est à nouveau question de la pollution à la benzidine dans le Haut-Valais. Cette molécule cancérogène a été découverte en 2018 à Viège dans les eaux souterraines à proximité de Gamsenried, l'ancienne décharge industrielle de Lonza, et dans des puits de pompage de la nappe phréatique, installés en 2016 dans le cadre de la 3ème correction du Rhône. Selon Joël Rossier, ces travaux auraient participé à l'étalement de cette pollution, ce que nie l'Etat, et au déversement dans le Rhône depuis un an au moins.
Le canton reconnaît toutefois envoyer de l'eau polluée dans le Rhône, mais assure "vérifier que l'eau que nous rejetons dans le Rhône respecte les normes". Il affirme également qu'aucun captage d'eau potable ou d'irrigation n'est contaminé.
Pas de risque, selon le canton
L'Etat du Valais soutient qu'il n'y a pas de risque pour la santé publique même s'il reconnaît que des incertitudes demeurent et que des analyses plus poussées sont en cours.
Cette réponse ne satisfait pas Martin Forter, spécialiste bâlois des sites pollués et président de l'Association médecins pour l'environnement. Selon lui, c'est le principe de précaution qui devrait s'appliquer et aucune goutte de benzidine ne devrait se retrouver dans le Rhône.
Quelles suites?
Les hautes autorités de surveillance du canton, chargées d'étudier ce rapport, doivent rendre leurs conclusions. Elles ont reçu de Joël Rossier 75'000 documents.
Pour Céline Dessimoz, cheffe du groupe des Verts au Grand Conseil valaisan, interrogée dans Forum, l'ancienne décharge de Gamsenried est "une sorte de bombe à retardement. Personne aujourd'hui ne peut nous garantir que dans cette décharge il n'y ait pas d'autres substances qui se forment et qui aient des conséquences sur l'environnement et sur la santé des citoyens".
La benzidine trouvée dans le Rhône n'était en effet pas une substance utilisée par Lonza, elle s'est formée dans la décharge.
>> Regarder le sujet dans le 19h30:
Julie Rausis
La décharge de Gamsenried
La décharge haut-valaisanne de Gamsenried, ancienne décharge industrielle de Lonza, contient, en plus de la benzidine, d’importantes quantités de mercure. La zone se trouve actuellement en confinement hydraulique.
L'investigation de détail de la décharge effectuée par Lonza suit son cours notamment à l’aide de forages sur toute la surface. Les résultats sont attendus pour le printemps 2020.
Différentes variantes d’assainissement seront alors étudiées et un projet devra être validé par les autorités cantonales avant le démarrage des travaux. Ce chantier ne devrait pas débuter avant 2022 et s’étendra sur plusieurs années.