Les récents séismes n'ont pas causé de dégâts, mais ont rappelé la sensibilité du canton au phénomène. "Les tremblements de terre dans notre canton dépendent de la collision entre la plaque africaine et la plaque euro-asiatique. C'est un mouvement continu qui va encore durer des millions d'années", explique la géophysicienne Anne Sauron.
Le Valais guette donc l'arrivée de son "Big One", un important tremblement de terre prédit une fois par siècle. Le dernier a eu lieu en 1946. En tablant sur une magnitude de 6 sur l’échelle de Richter, le canton s’attend à 200 décès et plus de 1000 blessés graves, selon Nicolas Moren, chef du Service de la sécurité civile et militaire. Et la grande majorité du parc immobilier n’est pas apte à résister.
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"Un tremblement de terre ne doit pas tuer de gens"
Dans ces conditions, il est apparu nécessaire aux autorités cantonales de préparer la population, "parce qu'un tremblement de terre ne doit pas tuer de gens", souligne Anne Sauron.
C'est la mission du Centre pédagogique pour la prévention en cas de séismes (CPPS), basé à Sion. Conçu en 2016 par la Haute école valaisanne d’ingénierie, sous la houlette de la géophysicienne, il vise à familiariser le grand public avec le phénomène.
Le clou du spectacle est un simulateur pouvant reproduire des séismes d'une magnitude pouvant aller jusqu'à 8. Il se présente comme une salle de classe, avec des bancs et des chaises installés sur un plateau mobile, et son bruit évoque une locomotive à vapeur.
Conseils en cas de fort séisme
En cinq ans, 65'000 personnes l'ont expérimenté, selon Anne Sauron. La plupart des gens "arrivent en parfaits novices mais (...) repartent en ayant une autre conception du tremblement de terre".
Le centre apprend aussi à constituer un kit de survie et livre des conseils en cas de fort séisme: s’abriter sous une table, agripper un des pieds d'une main et protéger sa nuque de l'autre. Il est aussi possible de se placer dans l’encadrement d’une porte.
Il faut rester éloigné des fenêtres qui peuvent se briser et, si on se trouve à l’extérieur, éviter la proximité avec les bâtiments, les pylônes ou les grands arbres.
Le canton critiqué
Pour Pierre Antille, responsable de ce projet au service de l’enseignement, permettre à la population d'acquérir les bons réflexes constitue un premier effort conséquent. Toutes les classes valaisannes de 9H étudient le phénomène et passent désormais une demi-journée au CPPS.
Reste que l’Etat du Valais est souvent critiqué pour son manque d’action, par exemple sur le bâti. Le Rassemblement citoyen Valais vient d’ailleurs de sommer les autorités d’établir un inventaire de toutes les crèches, écoles et lieux de formation afin de connaître lesquels sont ou non aux normes parasismiques.
Julie Rausis/ptur