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Jean-Luc Addor devant la justice en appel pour discrimination raciale

Le conseiller national Jean-Luc Addor devant la justice valaisanne pour discrimination raciale.
Le conseiller national Jean-Luc Addor devant la justice valaisanne pour discrimination raciale. / 12h45 / 2 min. / le 6 mars 2020
Le conseiller national Jean-Luc Addor a comparu vendredi devant le Tribunal cantonal valaisan pour discrimination raciale. Le Ministère public a demandé la confirmation de la peine pécuniaire prononcée en première instance alors que la défense a plaidé l'acquittement.

Le procès de l'UDC valaisan portait sur un message posté le 22 août 2014 sur ses comptes Twitter et Facebook: "On en redemande", avait-il écrit en réaction à un article de presse en ligne relatant une fusillade ayant fait un mort dans une mosquée de Saint-Gall.

>> Lire : Dix-huit ans de prison pour le meurtrier de la mosquée de Saint-Gall

"Mon intention était de dire ironiquement ça suffit! On en a marre de ces règlements de comptes entre étrangers qui viennent faire ça chez nous. C'était une forme d'indignation de ma part", s'est défenu le conseiller national face au président de la cour Bertrand Dayer qui l'interrogeait vendredi matin sur les raisons de ce commentaire.

Les éléments de la discrimination raciale "réalisés"

Pour le procureur, les propos de Jean-Luc Addor visaient la communauté musulmane en raison de sa religion. Par ses mots, il a exprimé son souhait qu'un tel événement (la fusillade mortelle dans une mosquée) se répète, a plaidé Jean-Pierre Greter en estimant que tous les éléments constitutifs de la discrimination raciale étaient réalisés.

Le Ministère public a demandé en conséquence la confirmation de la peine prononcée par le Tribunal du district de Sion en août 2017, soit une peine pécuniaire de 60 jours-amende à 300 francs l'unité avec un sursis de deux ans.

Ancien juge d'instruction, membre du barreau valaisan, Jean-Luc Addor était élu au Grand Conseil valaisan et candidat à la candidature pour le Conseil national au moment des faits. Il avait "un rôle de modèle à tenir", avait souligné le procureur devant l'autorité de première instance.

>> Lire : L'UDC valaisan Jean-Luc Addor condamné pour discrimination raciale

Juste un "règlement de comptes mafieux"

Me Marc Bonnant, pour la défense, a plaidé l'acquittement. Selon l'avocat genevois, l'article de presse auquel a réagi Jean-Luc Addor n'évoquait pas un musulman qui en tue un autre mais un "règlement de compte mafieux" entre deux Albanais. En conséquence, les propos de son client ne se référaient pas aux musulmans.

Que la fusillade ait eu lieu dans une mosquée ne prouve pas que les personnes étaient musulmanes, a poursuivi Marc Bonnant. "Les Albanais ne sont pas tous des musulmans".

Un message sous forme "d'antiphrase"

Me Bonnant s'est attaché à démontrer que Jean-Luc Addor avait pratiqué "l'ironie ou l'antiphrase", qui revient à dire le contraire de ce que l'on pense. Le message que son client a envoyé treize minutes après le second - "Mon ironie a -t-elle été bien comprise" - n'est "pas du repenti, n'est pas une rétractation mais bien une explicitation".

Me Bonnant a encore dénoncé un "procès politique", avec comme dénonciateur le Conseil central islamique suisse et comme "cible" une figure de l'UDC. Rappelons toutefois que la discrimination raciale est une infraction poursuivie d'office.

Le verdict sera communiqué par écrit aux parties ultérieurement.

ats/oang

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