Quelques années auparavant, en 1959, le canton du Valais balayait à 69,5% la première initiative fédérale sur le suffrage féminin. Pourtant, deux ans plus tôt, les habitantes du petit village haut-valaisan d'Unterbäch devenaient les premières Suissesses à participer à un vote, en l'occurrence à l'échelon communal. Un événement qui dépassera la Vallée du Rhône et sera même relayé de l'autre côté de l'Atlantique dans le New York Times.
Mais sur place, c'est une autre affaire. "De l'extérieur, on a imaginé que le Valais allait octroyer le suffrage féminin dans la foulée. Mais dans le canton à ce moment là, le Conseil d'Etat et la population vont être très négatif par rapport à cet événement", explique l'historienne Raphaëlle Ruppen Coutaz.
"Ne pas être les derniers"
Il faudra donc plus de 10 ans pour que mûrissent les mentalités. L’Association valaisanne pour le suffrage féminin menée par Renée de Sepibus y est pour beaucoup. Et l’expérience de 5 cantons pionniers aussi: "Il y a le souhait de montrer une image beaucoup plus moderne et de ne pas être les derniers à l'accorder ou à se le faire imposer par la Confédération", précise Raphaëlle Ruppen Coutaz.
Le "oui" l'emporte finalement en 1970: "Je ne me souviens pas de ce que j'avais bu, mais nous étions très contentes du succès de cette opération", en rigole Cilette Cretton, 25 ans à l'époque, mais pour qui la quête ne s'est pas arrêtée là. "On avait obtenu ce droit, mais dans la foulée, on se demandait parfois si on avait obtenu le droit d'éligibilité", explique celle qui sera finalement l'une des premières à être élue au Parlement cantonal en 1973.
Aujourd'hui, le Grand Conseil valaisan compte 19% de femmes. En 2019, le Valais a toutefois dépassé pour la première fois le seuil d'un tiers d'élues dans le cadre de la constituante.
Julie Rausis/jfe