Publié

Bagnes sommée d'accélérer dans l'affaire des constructions illicites à Verbier

Le Valais menace Bagnes de mise sous tutelle si elle ne règle pas plus vite l'affaire des constructions illicites à Verbier (photo d'illustration) [Keystone - Laurent Darbellay]
Le Valais somme Bagnes de boucler le dossier des constructions illictes à Verbier, sous peine de mise sous tutelle. / Le Journal horaire / 33 sec. / le 28 mai 2020
La commune de Bagnes (VS) est sommée de terminer le processus de régularisation des dossiers de constructions illicites à Verbier d'ici la fin de l'année. Passé ce délai, le Conseil d’Etat lancera une procédure pour se substituer aux autorités communales.

Le gouvernement valaisan s'appuie sur les recommandations de l'avocat et ancien président du Tribunal administratif fédéral Jean-Luc Baechler, entendu en tant qu'expert mandaté sur cette affaire. Plusieurs délais sont imposés à Bagnes, note jeudi le Conseil d'Etat dans un communiqué, qui rappelle que la commune s'était "elle-même fixé ce délai" de quatre ans.

"Cette sommation ne nous surprend pas", a réagi le président de la commune Eloi Rossier. Depuis le dépôt de la première expertise, la commune n'a cessé de se donner les moyens de terminer sa mission en engageant du personnel supplémentaire et en cherchant de l'aide auprès d'une étude spécialisée dans le droit des constructions. "Il est temps de mettre un terme à cette affaire", ajoute-t-il.

Le Valais se réserve le droit de procéder à une vérification

Dans le détail, pour le 31 août, la commune est sommée de procéder à l'inventaire des 691 dossiers qu'elle considère comme conformes, auxquels pourront s'ajouter tout ou partie des 148 dossiers encore en cours d'examen, et d'établir pour chacun de ces dossiers un constat de légalité. Le Conseil d'Etat se réserve le droit de procéder ensuite à une vérification par échantillonnage. La commune doit en outre avoir procédé à l'examen systématique et individuel des dossiers restants pour le 31 décembre. Chaque cas examiné doit ensuite se traduire par une décision conforme aux exigences légales et à la jurisprudence.

Le Conseil d'Etat attend enfin un rapport final sur le processus de régularisation un mois plus tard, soit pour le 31 janvier 2021. En cas de non-respect des exigences fixées par le gouvernement, ce dernier prendra les mesures de substitution nécessaire, aux frais de la commune de Bagnes.

Canton pas tout blanc

L'affaire des constructions illégales à Verbier remonte à 2015. Deux experts indépendants constatent que des dossiers liés à la construction de chalets dans la station valaisanne présentent tous des irrégularités. En avril 2016, le Conseil d'Etat somme Bagnes une première fois de se conformer au droit. En août de la même année, l'ancien juge fédéral Claude Rouiller présente son rapport. Il tance la commune, épingle également le Conseil d'Etat valaisan, mais ne conclut pas à l'existence d'actes délictueux ou de gestion déloyale des intérêts publics.

>> Plus de détails : Expert bernois engagé pour analyser le rôle du canton dans l'affaire Verbier

En avril 2017, Kurt Nuspliger, ancien chancelier d'Etat du canton de Berne et expert nommé par le gouvernement valaisan, considère la commune comme la principale responsable dans cette affaire. Selon lui, le canton a mal évalué la situation mais n'a pas consciemment failli à son devoir de surveillance.

>> Lire à ce sujet : Bagnes (VS) "principale responsable" dans l'affaire des constructions illicites

La commune "doit accélérer le mouvement"

En juin 2018, constatant que les progrès réalisés sont encore insuffisants, le Conseil d'Etat exige de la part de la commune l'implémentation de dix-huit mesures correctives et la remise de rapports semestriels sur leur mise en oeuvre. Pour chacun de ces derniers, le Conseil d'Etat lui retourne une analyse sur les points considérés comme réglés, ceux nécessitant encore des améliorations et les questions devant faire l'objet de clarifications.

A l'automne 2019, une première partie de l'expertise du Fribourgeois Jean-Luc Baechler confirme le bien-fondé des démarches entreprises par le canton. La deuxième partie, publiée le 9 avril, conclut que la pratique actuelle de la commune en ce qui concerne les nouveaux dossiers peut dans l'ensemble être jugée satisfaisante. En revanche, elle doit accélérer le mouvement dans la régularisation des anciens dossiers, ce qui a donné lieu à la sommation de ce jeudi.

ats/vic

Publié