Les souvenirs de cette crue du Rhône, ceux d’une plaine brunâtre entièrement noyée, de maisons les pieds dans l'eau et d’habitants évacués par milliers dans des salles de gym, sont encore vifs pour les Valaisans qui l'ont vécue.
Mais c’est sans doute la tragédie de Gondo, village de 160 habitants à la frontière italienne, qui a le plus marqué les esprits. Un mur anti chutes de pierres éclate sous la pression des pluies, trois panneaux de 600 tonnes s'ouvrent comme des volets, et une vague de boue et de sédiments emporte une dizaine de maisons, laissant le village dévasté et 13 personnes sans vie.
Un avant et un après
Le village sera sécurisé puis reconstruit grâce à un élan de solidarité, notamment via la Chaîne du Bonheur. Mais aujourd'hui, les experts s'entendent pour parler d'un avant et d'un après Gondo dans la gestion des dangers naturels.
En effet, avec 800 millimètres de pluie qui se sont abattus sur le Valais en 5 jours, ces précipitations ont largement dépassé le maximum de 250 millimètres enregistré jusqu’alors. Pour Jean-Daniel Rouiller, le géologue cantonal de l'époque, ce drame les a poussés à "être plus attentifs à tout ce qui concerne le changement climatique, et plus particulièrement la fonte du permafrost".
Mais l’événement de 2000 a surtout montré que le Rhône ne peut pas évacuer ces crues sans danger. Pour l'actuel géologue cantonal Raphaël Mayoraz, le drame de Gondo et ces crues ont accéléré "toute une série de réflexions, dont la plus importante est le projet de 3e correction du Rhône, ainsi que des systèmes de surveillance et de simulations de crues".
Temps de réaction trop lent en cas d'orages
Il reste cependant de gros défis dans la gestion des précipitations. Les pluies intenses, comme celles vécues il y a une dizaine de jours, sont désormais bien prévisibles.
En revanche, les gros orages restent la principale menace, toujours plus intenses et dévastateurs et difficiles à anticiper, comme à Chamoson ou Anniviers. Le temps de réaction est aujourd'hui de 15 à 20 minutes, une réactivité clairement insuffisante pour Raphaël Mayoraz, qui estime que c'est là que doivent porter les efforts à l'avenir.
Julie Rausis/jop