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"Beaucoup de gens ont négligé les mesures de distance et d'hygiène"

La situation sanitaire en Valais se dégrade: interview d’Esther Waeber-Kalbermatten (vidéo)
La situation sanitaire en Valais se dégrade: interview d’Esther Waeber-Kalbermatten (vidéo) / L'invité-e d'actualité / 8 min. / le 27 octobre 2020
C'est l'état d'urgence en Valais: depuis lundi, le niveau d'alerte maximal a été déclaré dans les hôpitaux. Des patients valaisans pourront bientôt être envoyés dans les établissements d'autres cantons. Interview d'Esther Waeber-Kalbermatten, responsable de la Santé valaisanne.

La situation est similaire au 23 mars, alors que le confinement avait déjà été prononcé. Lundi, le Valais comptait 124 hospitalisations dues au Covid-19 et dix personnes aux soins intensifs. Le niveau d'alerte est de 4 sur 4. Cinquante soignants ont été contaminés, d'autres sont en quarantaine et les chiffres ne cessent d'augmenter.

La situation sanitaire du Valais interpelle: le canton se trouve au premier rang des infections pour 100'000 habitants en Suisse et même en comparaison européenne.

Mercredi dernier, le Conseil d'Etat n'avait aucune vraie explication à cette situation alarmante et très peu de bases scientifiques pour étayer ses décisions: "Le Valais a déjà eu un taux très élevé en mars-avril: nous étions toujours au cinquième ou quatrième rang", remarque Esther Waeber-Kalbermatten, conseillère d'Etat valaisanne, au micro de La Matinale.

"Aujourd'hui, nous voyons que le virus est partout. En analysant, nous constatons que nous avons beaucoup de foyers en Valais: des petits foyers en plaine, mais aussi dans les vallées latérales. Nous n'avons pas d'autres explications; maintenant, nous devons gérer cette situation", ajoute la responsable de la Santé.

Relâchement en été

Les autorités affirment ne pas avoir négligé le virus: "Je ne pense pas. Nous avons pris des mesures: pendant l'été, nous avons déjà dit que les discothèques et les bars ne devaient pas avoir plus de cent personnes simultanément: une mesure plus stricte que dans d'autres cantons. Nous avons aussi été l'un des premiers cantons à avoir introduit l'obligation de porter le masque dans les commerces. Maintenant, nous le savons: le virus se propage exponentiellement. Tous les quatre jours, nous avons un doublement des infections. Cela a été le cas ces dix derniers jours et pas avant", explique Esther Waeber-Kalbermatten.

Pour elle, il est possible qu'il y ait toutefois eu un relâchement général: "Nous avons pensé pendant l'été que tout se passait bien. Beaucoup de gens ont négligé les mesures de distance et d'hygiène, c'est juste. Actuellement, nous avons une situation tendue, mais sous contrôle. Mais chaque personne doit être responsable de son propre comportement: ainsi, nous pourrons tenir le coup".

Diminution des interventions électives

Dans les hôpitaux, les interventions non-nécessaires ont déjà été réduites: "C'est déjà le cas pour le Valais francophone: les opérations électives ont été diminuées de 30% depuis quelques jours déjà. Chaque jour, nous analysons la situation", affirme la conseillère d'Etat. Mais il est déjà prévu que des patients valaisans puissent être envoyés dans d'autres cantons.

Elle note aussi que la pénurie de soignants se fait de plus en plus sentir: "Avant la pandémie, nous avions déjà un manque de personnel formé dans les institutions sanitaires. C'était déjà un souci avant le mois de mars, mais maintenant, la situation est encore plus difficile parce qu'il y a des personnes en quarantaine".

>> Lire : Face au Covid, les hôpitaux romands coordonnent leurs soins intensifs

Augmenter les bas salaires

Des appels ont été lancés pour que le personnel en retraite revienne à l'hôpital et que de nouvelles personnes soient engagées. Les syndicats demandent de meilleurs salaires et davantage de forces de travail, voire même une "prime Covid".

Esther Waeber-Kalbermatten affirme que l'Hôpital du Valais est dans une bonne situation: "Nous avons une convention collective et tout fonctionne bien. Le conseil d'administration de l'Hôpital fait toute une analyse des fonctions et des salaires. Pour moi, le meilleur système consiste à augmenter les salaires les plus bas du personnel soignant et à améliorer les conditions de travail, notamment pour concilier la vie professionnelle et la vie privée – par exemple avec des crèches. Une prime, ce n'est qu'une chose, une fois: je plaide plutôt pour l'augmentation des bas salaires", conclut-elle.

>> Consulter :

Interview radio: Romaine Morard

Adaptation web: Stéphanie Jaquet

Interview complète d'Esther Waeber-Kalbermatten en tête d'article.

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