Le spectacle de skieurs entassés a fait réagir de nombreuses personnes, dont Didier de Courten. Sur son compte Facebook, le chef étoilé établi à Sierre a dénoncé une "situation invraisemblable", alors que les cafés et restaurants ont fermé pour "enrayer la pandémie et sauver la saison de ski".
"Au moment où l’Europe entière nous regarde, c'est inacceptable que Téléverbier ait été dans l'incapacité d’organiser des queues correctes, avec barrières, marquages au sol et rappel strict des règles", a tonné Christophe Darbellay dans Le Nouvelliste samedi
Le président du gouvernement valaisan a contacté le patron de Téléverbier ainsi que le président de Bagnes. Il leur a demandé de prendre rapidement des mesures, comme Zermatt a su le faire il y a un mois lorsque la station était prise dans une polémique analogue.
Téléverbier réagit
"Samedi, nous avons été dépassés pendant une trentaine de minutes. Nous ne pouvions plus corriger le tir sur le moment. Le mal était fait", a expliqué Laurent Vaucher, directeur de Téléverbier sur le site du Nouvelliste dimanche.
Le plan de protection devait être déployé lundi matin et les remontées mécaniques ne s'attendaient pas à une telle arrivée de skieurs samedi. On en a dénombré un tiers de plus que l'an passé et ceci malgré une météo pas très propice. Et depuis dimanche matin, le marquage au sol, les barrières et le personnel supplémentaire sont tous bien présents.
Depuis plusieurs semaines déjà, les remontées mécaniques ont rendu obligatoire le port du masque sur toutes les remontées mécaniques, y compris les téléskis et les télésièges, ainsi que dans les files d’attente. Des marquages au sol et des banderoles devaient aussi aider à juguler le flux de skieurs. Mais l'exemple de Téléverbier montre que tout n'était pas encore au point.
Interrogé dans le 12h30 de la RTS, le conseiller national PDC valaisan, Sidney Kamerzin estime que certaines stations de ski ont été surprises par l'afflux de skieurs et n'ont pas pris la mesure des pressions existantes. "Tous les regards sont braqués sur les stations de ski en Suisse, depuis l'étranger et depuis Berne", rappelle-t-il. "La situation peut évoluer très rapidement si on n'a pas une application stricte des mesures et si la situation dégénère", prévient l'élu.
"Il faut faire un peu plus que les mesures demandées"
Le président des remontées mécaniques valaisannes Didier Défago, interrogé dans Forum, s'est dit surpris par ces images mais assure que les leçons ont été tirées depuis: "J'ai échangé par messages avec les responsables de Téléverbier pour leur demander de rectifier le tir déjà pour aujourd'hui et je crois que ce matin ça a été fait."
L'ex-champion olympique a également expliqué avoir demandé aux stations d'être intransigeantes sur les mesures: "Nos membres se doivent d'appliquer à la lettre les normes qui sont en vigueur et même d'en faire un peu plus, et le cas échéant d'avoir cette flexibilité de pouvoir réagir au minimum d'un jour à l'autre s'il y a des choses à corriger."
Règles plus strictes dès le 9 décembre
A partir du 22 décembre, les domaines skiables ne pourront ouvrir ou rester ouverts qu'avec une autorisation cantonale, qui ne sera délivrée que si la situation épidémiologique le permet, avait annoncé le Conseil fédéral le 4 décembre.
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Mais dès le 9 décembre déjà, les remontées mécaniques et autres systèmes de transport en montagne ne pourront fonctionner qu'aux deux tiers de leur capacité.
Le masque sera obligatoire sur toutes les remontées mécaniques, y compris celles à l'air libre (télésièges et téléskis) et dans les files d'attente. La distance interpersonnelle de 1,5 mètre devra aussi être respectée.
Les cantons sont tenus de contrôler l'application des règles. En cas d'abus répétés, l'autorisation d'exploitation devra être retirée.
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Pour Sergei Aschwanden, "l'erreur est humaine"
Invité sur le plateau du 19h30 pour évoquer le cas de Verbier, Sergei Aschwanden plaide de son côté la clémence:
"L'erreur est humaine. Nous devons être irréprochables et vigilants mais c'est extrêmement difficile, surtout que la saison est juste en train de commencer".
Le directeur de la station vaudoise de Villars-sur-Ollon se demande toutefois pourquoi les remontées mécaniques sont ici spécialement montrées du doigt: "Il ne faut pas oublier que les remontées mécaniques sont considérées comme des transports. Il n'y a pas de polémique sur les chemins de fer ou sur les transports publics dans les grandes villes."
Appelé également à se prononcer sur les décisions d'Emmanuel Macron concernant les stations de ski, l'ex-judoka suisse rappelle que "la Suisse est un pays souverain" et se félicite du "courage" du Conseil fédéral dans ce dossier.